Crise agricole : l’UE mise surtout sur les aides et une maîtrise nationales

La présidence néerlandaise de l’UE a appelé la Commission européenne, à l’issue du Conseil du 14 mars, à prendre, face à la crise agricole, les mesures annoncées au début de la réunion par... la Commission elle-même. Sans surprise, le commissaire à l’agriculture Phil Hogan s’est dit d’accord pour : permettre des accords volontaires de gestion de la production et de l’offre de lait au niveau des organisations de producteurs, interprofessions et coopératives, comme le souhaitait notamment la France ; autoriser temporairement des aides nationales de 15 000 € par agriculteur sur une année (en plus des aides de minimis actuelles de 15 000 € sur trois ans) ; doubler les plafonds d’intervention pour la poudre de lait écrémé et le beurre ; instaurer le moment venu un nouveau régime d’aide au stockage privé du porc ; établir un Observatoire du marché de la viande ; étudier la possibilité de créer un outil de crédits à l’exportation complémentaire de ceux existant au niveau national ; proroger les mesures exceptionnelles prises pour les fruits et légumes face à l’embargo russe. La France précise par ailleurs avoir eu de la Commission « un accord de principe pour expérimenter l’étiquetage de l’origine des viandes et du lait dans les produits transformés ». Les éventuels accords professionnels de gestion de la production ne pourront pas être rendus obligatoires par les États membres, mais pourraient bénéficier des aides nationales autorisées et des enveloppes dégagées par l’UE l’automne dernier, a précisé Phil Hogan. Si le ministre français, Stéphane Le Foll, s’est félicité que « l’Europe décide de mesures concrètes pour limiter la surproduction », son homologue wallon, René Collin, a déploré que le dispositif prévu « ne soit nullement organisé ». Le représentant belge a ajouté que « la mesure ainsi bricolée pourrait d’une part aboutir à de nouveaux transferts de production vers des régions plus agro-industrielles et d’autre part constituer une forme de renationalisation partielle de la première des politiques européennes ». Les Vingt-huit reviendront sur ces dossiers en juin, et, selon la présidence néerlandaise, pourraient envisager à cette occasion de dégager « en dernier ressort » des fonds de soutien en puisant dans la réserve de crise, un fonds de 440 Mio € créé grâce à une réduction des paiements directs aux agriculteurs.

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