Si le rapport du congrès de la FNSEA à Brest en 2017 avait enfin relayé les demandes de l’AGPB de mentionner la situation difficile des céréaliers des zones intermédiaires, force est de constater que le dossier peine à avancer.
L’AGPB, soutenue par la FNSEA avait alors obtenu du Ministre le lancement d’une mission d’experts du CGAAER pour étayer le constat auprès des pouvoirs publics. Cette mission conduite par Georges-Pierre Malpel avait alors écouté les représentants des régions considérées en zones intermédiaires et même réalisé un retour de leurs conclusions, y compris en Occitanie, zone non intégrée dans la carte de la MAEC Zones intermédiaires, seule carte officielle à ce jour.
Pour appréhender ces zones, en caractériser les forces et faiblesses, et envisager des leviers, la mission s'est appuyée sur la documentation disponible et sur des visites de terrain très approfondies en Bourgogne-Franche Comté, Centre Val-de-Loire, Grand Est, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. Elle a rencontré l'ensemble des représentants agricoles de ces zones. Un rapport d'étape a été présenté lors d'un second tour de réunions régionales organisées par les DRAAF à Orléans, Dijon, Toulouse, et Nancy. Cette pratique a permis à la fois de tenir compte des aspirations de chaque région mais aussi de partager des constats et de favoriser le débat. Au final la mission formule sept recommandations parmi lesquelles : l'accompagnement des audits globaux d'exploitations de ZI ; le renforcement de convergence interne des DPB du premier pilier et l'utilisation des crédits du second pilier ; l'émergence de projets de stockage de l'eau adaptés ; la mise en œuvre privilégiée du GPI ; l’engagement dans chaque région de la concertation avec les partenaires des territoires et des filières dans le cadre du futur FEADER afin de faciliter la préparation du plan stratégique national.
Et pourtant la situation des céréaliers de ces zones ne s’améliore pas et l’Etat et les régions semblent l’ignorer.
L’AGPB persévère et a demandé la tenue d’une réunion du groupe Zones intermédiaires de la FNSEA, le 14 novembre afin d’actualiser le constat sur la situation économique des zones intermédiaires et de demander qu’il soit explicitement mentionné dans le cadre du plan stratégique national actuellement en cours de rédaction pour la prochaine PAC.
Cédric Benoist, responsable de ce dossier à l’AGPB a ainsi dressé lors de cette commission un panorama des résultats économiques dégradés sur les zones du Centre, de Bourgogne et de Poitou-Charentes, relayé par les représentants départementaux des zones intermédiaires, mobilisés à cet effet. Le constat n’est pas contestable et l’AGPB veillera à ce que ces chiffres soient portés à la connaissance de tous.
La FNSEA a ainsi relayé les corrections demandées par l’AGPB dans le plan stratégique national (PSN) qui précisaient le niveau du RCAI/actif des agriculteurs.
« Par exemple, dans le secteur bovin laitier, le RCAI/UTANS est de 26 900 € en moyenne sur tout le territoire (à comparer à la moyenne de 27 400 €/UTANS toutes orientations confondues), mais il est de 22 300 € uniquement en zones de montage et haute montagne, de 27 500 € en zone de piémont et dans les autres zones défavorisées, et de 28 700 € hors zone défavorisée, chiffres qui montrent des disparités importantes6. De même, dans le secteur SCOP, le RCAI/UTANS est de 19 300 € sur l’ensemble du territoire, et de 13 500 € en moyenne 2013-2017, soit le tiers du niveau 2010- 2012 , mais il est de moins de 5 000 € dans les zones intermédiaires, (5 000 € en 2017 sur les plateaux de Bourgogne, négatif en Poitou Charentes, estimations d’après CerFrance et réseaux AS). »
Cette réunion a également mis en évidence la nécessité de mieux identifier le contour géographique des zones intermédiaires, dont une grande partie se retrouve en zones défavorisées simples, sans qu’elles puissent bénéficier des ICHN, exclusivement réservées à l’élevage. Ce dossier sera sans doute l’étape suivante indispensable pour parvenir à cibler des mesures plus favorables aux céréaliers des zones intermédiaires. Pour l’AGPB, en appui aux représentants des régions concernées, il s’agit de ne rien lâcher sur ce dossier !