Comme vous l’avez compris nous sommes engagés pour une agriculture résolument compétitive et respectueuse de l’environnement et les dernières évolutions donnent raison à nos orientations stratégiques. Réaffirmons nos ambitions :
- RESTER COMPÉTITIFS et assumer une transition agroécologique,
- ARRETER LA SPIRALE DES CONTRAINTES sur les moyens de production, et répondre aux attentes de la société en gardant la valeur ajoutée,
- RÉPONDRE AUX ATTENTES SOCIÉTALES et le prouver par la certification environnementale de niveau 2,
- GERER LES RISQUES face aux aléas sanitaires, climatiques et économiques,
- REDONNER DU SENS ET DE LA FIERTE au métier de céréalier.
Ces 5 items résument à elles seules notre action au quotidien et au service des céréaliers.
Le nouveau positionnement de la Commission européenne pour un nouveau Pacte vert communément intitulé « Green Deal » en est la preuve. Le pacte vert est le cœur de la stratégie de la Commission qui a été validée par le parlement et le conseil. Il repose sur 10 volets, dont cinq intéressent particulièrement l’agriculture, et qui seront précisés au fur et à mesure par la commission. Les communications « Farm to Fork », « de la fourche à la fourchette », et sur la biodiversité ont été présentées le 20 mai dernier et vont maintenant être débattues.
Alors oui, il y a des éléments totalement inacceptables et nous les avons dénoncés par voie de presse avec nos confrères des filières végétales AGPM, CGB, FOP :
- Consacrer 10% de la surface agricole à des usages non productifs.
- Réduire de 50% l’usage des produits phytosanitaires ;
- Réduire de 20% l’usage des engrais ;
- Consacrer 25% de la surface agricole à l’agriculture biologique.
Les dernières estimations des instituts techniques sont alarmantes et évaluent l’impact de ces mesures à une baisse moyenne en France de 30% des volumes de céréales et d’oléo-protéagineux et de 20% en betteraves sucrières. En valeur, la baisse pourrait probablement être plus forte du fait des pertes de qualité et des risques sanitaires accrus. Alors, quelle est la cohérence avec les beaux discours sur la souveraineté alimentaire ?
Pour autant, je note aussi des ouvertures et notamment la prise en compte de l’innovation et des besoins d’investissements sur l’agriculture de précision, le numérique, l’ouverture sur les nouvelles biotechnologies (NBT), mais aussi la mise en avant du label carbone, ou la méthanisation comme source de revenu pour les agriculteurs. Des ouvertures notables qui méritent d’être saluées et appuyées.
Nous surveillerons à l’AGPB ces orientations dans le projet de future Politique Agricole Commune et les Plans Stratégiques Nationaux, mais aussi dans les cadres réglementaires spécifiques comme les produits phytosanitaires.
Dans la foulée, la Commission européenne a formulé également sa programmation budgétaire réactualisée à la suite de la crise sanitaire, avec l’inclusion de 15 Milliards au titre du plan de relance, qui améliore la dotation de la PAC de manière très substantielle, mais qui reste en réalité plus faible de 9% que la dotation précédente en tenant compte de l’inflation. Alors même que l’Union Européenne s’est fixée des objectifs plus ambitieux ! Le compte n’y est pas ! Les ambitions affichées nous conduisent directement à la décroissance que nous combattons et nous l’avons dit haut et fort !
Mais on ne doit pas se raconter pas d’histoire, l’heure ne doit pas être à l’apitoiement, mais à la prise de conscience pour préparer l’avenir. Plus que jamais nous devons avoir comme ligne de conduite de rester force de proposition : cela demande parfois d’exprimer notre mécontentement y compris dans la rue, nous l’avons fait et nous devrons probablement encore le refaire, mais nous savons où nous voulons aller !
La seule voie est celle d’un juste équilibre.
Equilibre, dans le maintien d’une coexistence de plusieurs agricultures. La montée en gamme n’est pas la seule voie, et elle ne doit pas s’opposer à la nécessité de maintenir un accès à une alimentation de qualité à des prix accessibles pour tous. Plusieurs agricultures coexistent et ont toute leur légitimité. Il est utopique, de croire que nous ne développerons en France qu’une seule agriculture qu’elle soit bio, locale, ou de tout autre ordre.
Il est de notre responsabilité de répondre aux attentes croissantes des pays structurellement importateurs face au défi démographique mondial. Dans un monde ouvert, nous devons contribuer, à notre mesure, à l’équilibre alimentaire mondial. L’export de céréales, aliment de base pour une bonne partie des habitants de la planète n’est pas un gros mot mais un devoir !
Equilibre, dans la conduite de la transition agroécologique.
Il faut revenir aux fondements scientifiques et à l’innovation pour le développement d’une agriculture respectueuse de l’environnement et compétitive. Cette innovation est cruciale pour notre avenir et nous appuierons toutes les initiatives en agronomie, numérique, robotique, génétique et l’accès aux NBT, biocontrôle en combinatoire avec les phytosanitaires. Nos instituts techniques comme Arvalis sont pleinement mobilisés sur ces enjeux. Il faut arrêter d’interdire sans solutions ! et sortir des seuls objectifs quantitatifs de réduction d’intrants et du produire moins, pour aller vers l’appréciation des impacts et le produire « plus et mieux ».
Equilibre, dans l’accompagnement des agriculteurs.
Toute évolution demande du temps et doit donc s’inscrire dans une trajectoire soutenable économiquement et techniquement. Il faut pouvoir offrir un revenu décent, améliorer la résilience économique, sanitaire et climatique, et assurer les conditions de concurrence équitables sur le marché intérieur et vis-à-vis des pays tiers.
Nous avons besoin d’un accompagnement avec une PAC dotée d’un budget fort, et des politiques commerciales cohérentes : n’importons pas l’agriculture que nous ne voulons pas !
En ce sens, la filière céréalière s’est d’ores et déjà engagée dans un plan stratégique ambitieux, qui doit permettre à nos exploitations de se tourner vers l’avenir ! Nous devons, et je m’y attache, défendre et partager notre vision, pour la faire reconnaitre par les pouvoirs publics. Comptez sur nous pour poursuivre nos travaux et faire entendre la voix des céréaliers français.
Après discussion en bureau et délibération du Conseil d’administration, en raison de la crise COVID19, il a été décidé de ne pas tenir notre Congrès des Céréaliers cette année comme beaucoup d’autres organisations. C’est regrettable car cela m’aurait permis avec vous tous de porter ces messages auprès du Ministre de l’agriculture. Mais vous pouvez compter sur moi, ces messages seront délivrés. Nous nous retrouverons donc l’année prochaine, en juin 2021, pour le prochain Congrès à Paris. Merci à tous pour votre participation.
Seul le prononcé fait foi.
Eric Thirouin
Président de l’AGPB