Conférence de presse de rentrée 2015/2016 de l'AGPB

Les dirigeants de l'AGPB ont fait le point le 27 août devant la presse sur la récolte 2015 de céréales à paille, sur le contexte de sa commercialisation et sur la situation des exploitations céréalières

 

La récolte de céréales à paille allie cette année abondance et retour à une qualité telle qu'attendue par les marchés.

a) En blé tendre, pour la première fois, la récolte dépasse les 40 millions de tonnes. Inédit, également, le rendement franchit pour la première fois la barre des 78 quintaux/ha (78,3 selon FranceAgriMer et 78,6 selon enquête AGPB). Les critères de qualité (protéines, poids spécifique, indice de chute de Hagberg) sont tous satisfaits globalement. Graphiques en ANNEXE I.

b) En blé dur, la production s'annonce d'environ 21% supérieure au point bas de 2014 grâce à l'augmentation des surfaces de quelque 12 % et à un bon rendement moyen, en hausse de 8 à 9%. La qualité (protéines, poids spécifique, taux de grains mitadinés, taux de grains mouchetés) est là aussi au rendez-vous.

c) En orges, bien que les orges de printemps aient souffert d'excès de température dans certaines régions et que les surfaces aient légèrement régressé, la récolte s'établirait selon les estimations à 12,5 Mt, soit plus de 15% que la moyenne des années 2010-2014, avec une dispersion des qualités propre à bien répondre aux deux types de débouchés (brasserie et alimentation animale).

Premier constat qu'inspire cette récolte 2015 de céréales à paille, la France réaffirme sa capacité à produire beaucoup et bien, avec régularité qui plus est grâce à une capacité de résilience par rapport aux aléas climatiques supérieure à celle de ses concurrents.

Ainsi est une nouvelle fois confirmée :

- la vocation de notre pays à faire partie des producteurs et exportateurs majeurs de blé face à l'augmentation de 50 % des besoins mondiaux en blé à l'horizon 2050 ;

- son potentiel de développement de production d'énergie, de matériaux et de composés chimiques à partir de matières premières renouvelables.

 

Second constat effectué au terme de cette récolte, le revenu moyen des producteurs spécialisés en céréales et oléo-protéagineux avant paiement de leurs impôts et de leurs cotisations sociales devrait peu se redresser.

a) Première cause, les prix ont beaucoup baissé depuis le mois de juillet (cf. ANNEXE II). La récolte mondiale de blé s'annonce elle aussi très élevée, sinon record et, en outre, l'évolution de l'économie mondiale n'est guère porteuse. Les ressources des pays importateurs de blé, notamment celles des pays pétroliers en pâtissent.

Si la filière française d'exportation de blé a la capacité à écouler au mieux des volumes importants dans des contextes difficiles - elle l'a encore montré l'année dernière, en particulier en s'ouvrant des débouchés inattendus-, elle reste évidemment soumise à la loi de la concurrence. Cf.ANNEXE VI.

b) Deuxième facteur de stagnation du revenu, le recul pour cause de sécheresse des récoltes de maïs-grain et d'oléagineux (cf. ANNEXE III). Ce recul devrait globalement effacer le gain de recettes procuré par les céréales à paille.

c) Enfin, la baisse des coûts de production/hectare (cf. ANNEXE IV) est compensée par la progression de la redistribution des paiements de la PAC voulue spécifiquement en France par les Pouvoirs publics au détriment des grandes cultures.

Sur les bases actuellement connues, le revenu moyen 2015 des producteurs spécialisés en céréales et oléoprotéagineux avant impôt et cotisations sociales propres à l'exploitant devrait se maintenir dans le même ordre de grandeur que celui de 2014 (16 400€ pour l'année selon les comptes de juillet 2015 de la Commission des Comptes de l'Agriculture de la Nation). Graphique en ANNEXE V.

 

Alors qu'elles sont aux prises depuis plusieurs années déjà avec un marché totalement libéralisé, les exploitations céréalières françaises sont de plus en plus confrontées à une politique agricole nationale qui les affaiblit structurellement. Les Pouvoirs publics s'ingénient à les pénaliser par rapport à la concurrence, à la fois avec l'application de la nouvelle PAC et par la multiplication des normes excessives qui freinent la production et pèsent sur les coûts.

Il faut dégager l'horizon des exploitations céréalières françaises et débrider l'initiative pour maintenir notre atout céréalier et le faire valoir encore mieux.

Ainsi l'AGPB demande-t-elle :

- un gel à son niveau actuel de 5 % du prélèvement effectué sur l'enveloppe des paiements directs-hectare dits « de base » au profit de la surprime aux premiers hectares des exploitations,

- un déblocage de la mesure agro-environnementale et climatique Grandes cultures en zones intermédiaires,

- de nouveaux assouplissements du régime de Dotation pour aléas (DPA),

- des textes législatifs et règlementaires fondés sur une vision qui ne soit ni « émotionnelle », ni idéologique ou dogmatique, en matière de produits phytosanitaires (néonicotinoïdes, glyphosate, Ecophyto), en matière de fertilisation, de biotechnologies végétales, de biodiversité (tendance à la sanctuarisation de terres agricoles), d'irrigation (difficulté à créer des réserves d'eau),

- un régime fiscal des intrants (taxes, redevances) qui contribue à un allégement des coûts,

- une accélération des procédures en matière de bâtiments d'élevage, nécessaire non seulement aux éleveurs de porcs et volailles mais aussi pour l'implantation d'élevages sur les exploitations céréalières,

- l'adoption d'attitudes et positions réalistes quant à l'utilisation de cultures énergétiques en méthanisation et quant aux biocarburants de première génération.

Les céréaliers n'entendent pas être étouffés par les Pouvoirs publics comme l'ont été de plus en plus d'autres secteurs pourtant dynamiques de l'agriculture. L'enjeu est d'importance : retrouver de la liberté d'entreprendre en grandes cultures, c'est permettre à de multiples filières de continuer à se développer et d'apporter une contribution significative à la reprise de la croissance, à l'emploi, à plus de durabilité de notre économie.