Au cœur d’une inflation vertigineuse qui pénalise lourdement l’économie des producteurs de grandes cultures, la situation du prix des engrais pourrait s’aggraver avec l’application du projet de nouvelles sanctions contre la Russie communiqué récemment par la Commission européenne. Pour l’AGPB, la levée des taxes sur les fertilisants s’impose pour rééquilibrer l’offre avec la demande et sécuriser ainsi la production alimentaire européenne.
« Alors que nous devons réduire notre dépendance aux fertilisants d’origine russe tout en restant compétitifs, la Commission européenne s’obstine à maintenir des taxes sur les engrais d’autres origines, favorisant ainsi leur inflation à des prix prohibitifs ! Alors que l’on parle d’économie de guerre, c’est littéralement se tirer une balle dans le pied ! » s’alarme Éric Thirouin, président de l’Association Générale des Producteurs de blé (AGPB).
Pour l’association spécialisée et ses partenaires européens qui se mobilisent depuis 4 ans à Bruxelles pour dénoncer un dispositif protectionniste obsolète, la situation est désormais intenable dans le contexte actuel. C’est notamment le cas de la taxe anti-dumping qui avait pour objectif initial, la protection et le maintien de l’activité des fabricants d’engrais européens. « Or, ces derniers sont aujourd’hui peu nombreux avec des capacités de production en baisse, ils profitent donc du jeu de l’offre et de la demande au détriment de la survie économique de nos fermes » explique Cédric Benoist, secrétaire général adjoint de l’AGPB en charge des dossiers européens.
Pour les céréaliers français, extrêmement fragilisés sur le plan économique après deux années noires, la Commission européenne a la responsabilité d’agir au plus vite par des décisions en mesure de construire une stratégie de diversification d’approvisionnement des intrants azotés accessibles, fiables et compétitifs :
- Abrogation des droits de douanes de 6,5% sur les toutes les origines hors Russie et Biélorussie
- Suspension immédiate des taxes anti-dumping sur les origines Trinidad et Tobago et USA
- Application des sanctions contre les engrais russes en juillet 2026 à l'instar des sanctions contre l'aluminium
« Sanctionner la Russie, oui…Mais il est nécessaire d’agir dans le bon ordre : l’Europe doit s’assurer au préalable de notre capacité de production agricole dans des conditions économiquement supportables afin de garantir sa souveraineté alimentaire face aux menaces géopolitiques actuelles » conclut Eric Thirouin.