L’AGRICULTURE RESTE UN SECTEUR CLE DE L’ECONOMIE MONDIALE

La FAO vient de publier son annuaire statistique pour l’année 20201. Où l’on apprend, dans ce volumineux document de 366 pages, que l’agriculture représente un secteur clé et qu’elle reste vitale pour l’équilibre économique et social mondial.

Selon l’annuaire statistique publié fin octobre par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), le secteur agricole reste un élément dominant de l’économie mondiale. Divisé en quatre parties (économie, échanges internationaux, sécurité alimentaire et enjeux environnementaux) et donnant une photographie de l’agriculture en 2019, cet imposant document indique notamment que « la contribution globale de l'agriculture au produit intérieur brut mondial a augmenté de 68% entre 2000 et 2018, pour atteindre 3 400 milliards de $. L'Asie représente 63% de ce total, tandis que l'Afrique est le continent qui connaît la croissance la plus rapide, avec près de deux fois le rythme mondial ». L’Union européenne a également augmenté sa valeur ajoutée agricole de 18%, passant de 278 milliards de $ en 2000 à 329 milliards de $ en 2018. La FAO précise aussi que « la production de cultures primaires était de 9,2 milliards de tonnes en 2018, soit environ 50 % de plus qu'en 2000. Quatre cultures représentent la moitié de la production mondiale de cultures primaires : la canne à sucre, le maïs, le blé et le riz ». Cependant, ce sont les cultures oléagineuses qui ont connu la croissance la plus rapide (+88 %) entre 2000 et 2018.

+75 millions d’ha cultivés

L’annuaire statistique apprend aussi que l’agriculture reste un gros pourvoyeur de main d’œuvre même si celle-ci tend à diminuer en raison de la mécanisation des pays émergents. Le secteur agricole employait 884 millions de personnes en 2019, soit 27 % de la population active mondiale, contre 1 050 millions (ou 40 %) en 2000. Sur ces 884 millions, l’Asie avec 68 % du total et l’Afrique avec 25 % sont les deux continents concentrant le plus d’employés agricoles dans le monde. En Afrique, une personne sur deux vit de l’agriculture, de la forêt et de la pêche. Elles sont 1 sur 3 en Asie et environ 5 % en Europe, la moyenne mondiale se situe à 27 %. Pas moins de 37,1 % de ces travailleurs sont des femmes, plus en Asie (Népal : 64 %) et en Afrique (Sud-Soudan : 62 % ; Mozambique : 59 %). L’étude de la FAO apprend également que la superficie des terres cultivées a augmenté de 75 millions d'hectares entre 2000 et 2017, ce qui équivaut à deux fois la taille du Japon. Pendant la même période, celle des terres forestières a diminué de 89 millions d'hectares, l’équivalent de la superficie du Nigéria.

Famine et obésité

L’essor de l’agriculture et des terres cultivées n’endigue pas pour autant la famine dans le monde puisque, « la faim est en augmentation, avec près de 690 millions de personnes sous-alimentées en 2019 (soit 60 millions de plus qu'en 2014) », note l’annuaire statistique. En effet, la superficie des terres cultivées par habitant a diminué dans toutes les régions entre 2000 et 2018 en raison de l'augmentation de la population plus rapidement que les terres cultivées. En contrepartie, une autre frange de la population tombe dans l’excès de nourriture puisque la FAO remarque que13,1% de la population mondiale est atteinte d’obésité (contre 8,7% en 2000) avec d’importantes disparités selon les continents et les pays. Mais ce nouveau fléau touche tous les continents sans exception, avec « une prévalence dans les iles du Pacifique et l’Afrique du Nord », souligne la FAO.

Plus de pesticides et d’engrais

Selon l’annuaire de la FAO, l’utilisation mondiale de pesticides a augmenté entre 2000 et 2012, pour atteindre 4,1 millions de tonnes chaque année. La Chine est le 1er utilisateur mondial, déployant plus de quatre fois plus de pesticides que le Brésil et les Etats-Unis. Quant à l’utilisation mondiale d'engrais, elle a régulièrement augmenté, pour atteindre 53 millions de tonnes, soit environ 121 kilogrammes par hectare de terre cultivée. L’azote (58 %) reste le produit chimique dominant et le potassium celui dont l'utilisation croît le plus rapidement.

Malnutrition : FAO et PAM sonnent l’alerte

Selon la FAO et le Programme alimentaire mondial (PAM) 4 régions ou pays d’Afrique risquent de sombrer dans une situation de famine, ont averti les deux organisations, le 6/11, à l’occasion de la publication d’un rapport (http://www.fao.org/news/story/fr/item/1326997/icode/). Les quatre zones et pays sont : Burkina Faso, situé dans la région du Sahel en Afrique de l'Ouest, du nord-est du Nigéria, du Soudan du Sud et du Yémen. Seize pays pourraient, à terme, et toujours selon les deux organisations, connaître des problèmes de sécurité alimentaire « favorisant l’augmentation de faim aiguë » : Venezuela, Haïti, Éthiopie, Somalie, Cameroun, Centrafrique, Mali, Niger, Sierra-Leone, République démocratique du Congo, Mozambique, Zimbabwe, Soudan, Liban, Syrie et Afghanistan.

Christophe Soulard

Actuagri

6 novembre 2020