La Chine devient le premier importateur de blé et orges françaises

Une nouvelle géographie des échanges commerciaux

La Chine est le premier pays tiers importateur de blé et d’orges français. Sur le marché européen du maïs, la France n’aura pas à faire face à la concurrence agressive des pays de la Mer Noire.

En trois mois, le paysage des échanges commerciaux de céréales françaises a été totalement chamboulé. C’est l’un des principaux enseignements du dernier conseil spécialisé « grandes cultures » de FranceAgriMer, le 14 octobre 2020. La Chine est le premier client de la France en blé et en orges depuis le début du mois de juillet. Sur le marché européen du maïs, notre pays n’a pas à craindre, comme les années passées, des concurrences virulentes des pays de la Mer Noire. En n’ayant que 6,7 millions de tonnes (Mt) de blé à exporter vers les pays tiers jusqu’à la fin de la campagne 2020-2021, notre pays n’a vendu que 1,3 Mt de blé depuis le mois de juillet dernier, soit 0,7 Mt de moins que l’an passé. Mais 370 000 tonnes (t) de blé, soit 29 % des expéditions, ont été achetées par la Chine alors qu’elle était quasiment absente l’an passé à la même époque sur le marché français. Entre temps, l’Afrique subsaharienne est devenue un acteur proportionnellement plus important même si moins de blé a été vendu que l’an passé. Mais les 377 000 tonnes achetées représentent 28 % des ventes (+ 5 points en un an).  A contrario, l’Algérie n’a importé que 360 000 t (28 % des ventes), soit 960 000t de moins qu’en 2019 et une part de marché réduite de 36 points en un an.

Capacités d’exportations réduites

La Chine s’est lancée dans une nouvelle opération de stockage de blé. La crise économique et sanitaire mondiale inquiète son gouvernement, tenté de renforcer la sécurité alimentaire du pays. Aussi, ce dernier importera jusqu’à 7,5 Mt de blé pour le stocker. A la fin de la campagne, l’ex-empire du milieu disposerait alors de 164 Mt, soit l’équivalent de 120 % de sa production annuelle. De plus, le pays reconstitue son cheptel porcin victime de la peste porcine, consommateur de céréales, et l’élevage de volailles est en plein expansion. Par ailleurs, les différends diplomatiques qui opposent la Chine à l’Australie et au Canada, deux pays qui comptent sur les marchés mondiaux des céréales, conduit l’ex-empire du milieu à revoir sa stratégie commerciale et à se tourner sur l’Union européenne, et la France notamment. Aussi, la Chine est devenue le pays importateur quasi-exclusif d’orges françaises depuis le début de la campagne 2020-2021. Elle en a acheté 1,09 Mt, soit 96 % des grains expédiés hors de l’Union européenne ces trois derniers mois. Mais l’incertitude plane pour l’avenir. Les capacités d’exportation de la France sont particulièrement réduites (2,7 Mt dans l’Union européenne et 2,9Mt vers les pays tiers). Et l’Arabie saoudite n’est encore pas venue aux achats depuis le début de la campagne.

Horizon concurrentiel

Quant aux exportations françaises de maïs vers ses voisins européens, l’horizon concurrentiel se dégage. La Roumanie, la Bulgarie et l’Ukraine voient leur production de maïs s’effondrer de près de 14 Mt, ce qui réduit quasiment d’autant leurs capacités d’exportation. Alors qu‘en produisant 12,7 Mt de grains, la France est en mesure de vendre 4,1 Mt de grains, soit 300 000 t de plus que l’an passé. Malgré la sécheresse, l’augmentation des surfaces implantées a globalement compensé la baisse des rendements et même augmenté les capacités d’exportation de notre pays. Enfin, l’été dernier, la Pologne a rejoint la liste étroite des pays très compétitifs pour approvisionner l’Egypte. Elle a en effet expédié 238 000 t de blé. En revanche, la France sera absente tout au long de la campagne et la Roumanie n’est pas prête à réitérer l’exploit de l’an passé. Seules 60 000 t de blé ont été expédiées (600 000 t la saison passée). Dans le même temps, la Russie a déjà livré 2,8 Mt de blé et l’Ukraine, 530 000t.

Auteur : Christophe Soulard pour Actuagri.