RETOUR VERS LE FUTUR !

Editorial du Président de l'AGPB, Eric Thirouin
 
Les propos prêtés récemment au ministre de l’Agriculture ont scandalisé les producteurs. Ainsi, pour sortir peu à peu des produits phytosanitaires, nous devrions revenir à « ce que faisaient nos grands-parents ». Cela démontre une réelle méconnaissance de la réalité du terrain, et de la dynamique prise par l’agriculture ces soixante dernières années. Une agriculture française ouverte sur un monde en mutation permanente et qui doit faire face à de nombreux défis alimentaires, écologiques, énergétiques, et politiques.
 
Les producteurs français, tout comme la société, ont la volonté de diminuer le recours aux produits phytosanitaires. Mais cela doit passer avant tout par l’innovation et le progrès technologique : variétés résistantes, amélioration de la précision de la pulvérisation, utilisation des outils numériques…
Pour autant, et c’est probablement le message que le ministre souhaitait faire passer, des solutions agronomiques peuvent aussi permettre de réduire notre utilisation de produits phytos. Nos rotations culturales s’allongeront, et nos couverts végétaux se feront de plus en plus présents. Mais il est illusoire de penser que cela sera suffisant. L’interdiction brutale d’utilisation d’herbicides, fongicides ou insecticides sans solutions de remplacement adaptées techniquement et viables économiquement mettraient en danger la majorité des exploitations. Notre souveraineté alimentaire serait alors remise en question.
L’agriculture de nos grands-parents, idéalisée de manière dogmatique par une frange toujours plus nombreuse de la population, permettait-elle de nourrir convenablement la population française ? Permettait-elle d’assurer les conditions sanitaires de consommation connues aujourd’hui ? A ces deux questions, la réponse est non ! N’oublions jamais que l’espérance de vie en France est passée de 25 ans au XVIIIème siècle à 80 ans pour les hommes et 85 pour les femmes aujourd’hui ! et ce en grande partie grâce à une alimentation toujours plus diversifiée et de qualité.
Laissons de côté donc l’adage du « c’était mieux avant », qui contamine peu à peu les esprits, jusqu’à ceux de nos dirigeants. Personne n’a envie de reprendre la binette d’avant, manger comme avant et mourir plus rapidement comme avant ! Alors reprenons plutôt la marche en avant du progrès scientifique, en ayant pour cap le maintien de notre production et l’amélioration de notre impact environnemental. Et pour cela, l’Etat doit nous accompagner et trouver les solutions avec nous et pas contre nous. En Route vers le futur !