Depuis la décision de l’Union européenne de libéraliser les échanges avec Kiev pour la soutenir dans son effort de guerre, les importations de blé ukrainien avaient été multipliées jusqu’à 20 entre 2021 et 2023, déstabilisant ainsi profondément les marchés en Europe. Une situation intenable, dénoncée sans relâche par l’AGPB, alors que le revenu des céréaliers français est en zone rouge depuis bientôt trois ans. L’annonce d’un accord de principe concernant la révision de l’accord d’association avec l’Ukraine, par les commissaires Šefčovič et Hansen, témoigne enfin d’une prise de conscience. 

Alors que les prix du blé sont toujours au plus bas, il s’agit d’un signal encourageant qui pourrait éviter une surabondance de l’offre alors que la moisson semble reprendre des couleurs en France… mais que les revenus céréaliers s’annoncent négatifs pour la troisième année consécutive. 

Concrètement, pour le blé tendre : les commissaires avaient annoncé une « modeste » augmentation des contingents de blé ukrainien par rapport à l’accord de 2016, antérieur à l’agression russe sur l’Ukraine, ce que demandait l’AGPB depuis plusieurs années. 

C’est finalement une augmentation limitée de 30 % du contingent de 2016 qui est proposée par la Commission, soit 1,3 million de tonnes. Une décision qui peut être saluée, sachant que les trois années précédentes voyaient affluer plus de 6 millions de tonnes ! Pour l’orge, le contingent passe de 350 000 tonnes à 450 000 tonnes, soit la même augmentation de 30 %. 

 Les produits moins sensibles (avoine, gruau, gluten) verront leurs contingents tarifaires atteindre le niveau maximal d’importations que nous avons connu ces dernières années. Toutefois, ils restent assez modérés pour ces produits (par exemple, 7 000 tonnes d’avoine en 2023). 

Autre point positif face à la distorsion de concurrence dont elle était à l’origine : l’Ukraine devra aligner progressivement ses normes de production sur celles de l’UE d’ici 2028, notamment concernant l’utilisation des produits phytosanitaires. Cet alignement sur ces normes de production conditionnera l’accès supplémentaire au marché prévu par la révision de l’accord d’association. 

Enfin, l’accord d’association révisé comprendra une clause de sauvegarde qui sera activée en cas de perturbation du marché pour un produit spécifique, soit dans l’ensemble de l’UE, soit dans un seul État membre. 

Depuis les premières décisions sur les mesures autonomes de 2022, l’AGPB est intervenue à de nombreuses reprises auprès du gouvernement français, de la Commission européenne et même du président de la République française. Cette limitation des céréales ukrainiennes doit enfin permettre d’assainir le marché intérieur des céréales en Europe… et pourrait ainsi participer à une revalorisation des prix pour les producteurs français et européens. 

L’AGPB poursuit sa mobilisation et continuera à suivre de très près la situation pour défendre au mieux les intérêts des céréaliers français dans l’éventualité d’une nouvelle révision de l’accord dans les années à venir… tout comme dans les négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. 

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