Le débat sur la prochaine réforme de la PAC s’est ouvert en 2017 avec la consultation publique de la Commission européenne de février à avril, puis la publication en juin d’un document de réflexion du Cabinet Juncker sur l’avenir des finances européennes assez négatif pour la PAC, suivi le 7 juillet par une conférence de la Commission de restitution de sa consultation, faisant état de profondes divergences dans l’opinion sur les objectifs de la PAC.
Malgré l’esprit de renouveau de la construction européenne, le Brexit et la concurrence des autres politiques communes à renforcer (frontières, migrations, défense, environnement, recherche…) font peser des menaces sévères sur le budget de la PAC.
L’AGPB a mis la gestion des risques à l’ordre du jour de son congrès d’Orléans en 2017 et au cœur de sa vision pour la prochaine PAC.
Lors du second « Forum global sur l’alimentation » organisé par le Think Tank Farm Europe en Vénétie en octobre 2017, nous avons pu constater que de nombreuses organisations agricoles européennes et certains eurodéputés partageaient avec nous quelques idées fortes, notamment sur le nécessaire renforcement des outils de gestion des risques, des paiements directs essentiels à la résilience des exploitations et à l’unicité de la PAC, et sur notre confiance dans la science et le progrès technique, vers des solutions innovantes basées sur de nouveaux investissements.
C’est dans cet esprit que l’AGPB a entrepris fin 2017 des travaux avec l’AGPM, la CGB et la FOP en vue de définir une position commune des producteurs français de grandes cultures sur la future PAC. Cette contribution, présentée au Conseil d’administration de la FNSEA du 17 janvier 2018 (à télécharger ci-dessous), s’articule autour d’une PAC forte, avec des paiements directs simplifiés et harmonisés, une subsidiarité pragmatique et maîtrisée du second pilier, un développement de la résilience des exploitations face aux aléas, et un soutien aux investissements pour des modèles économiques durables.
Par ailleurs, les organisations de grandes cultures ont fait connaître leur désaccord avec la communication de la Commission européenne publiée le 29 novembre 2017, qui propose que chaque Etat membre définisse lui-même ses règles d’attribution et de gestion des soutiens directs et du développement rural ainsi que ses normes environnementales. Une telle explosion de la subsidiarité ne peut qu’aggraver la situation des producteurs français de grandes cultures, déjà confrontés, par rapport à certains concurrents européens, à des contraintes de production plus fortes et à des soutiens plus faibles qui pénalisent lourdement leur compétitivité.