Le prix des engrais, en particulier la solution azotée (UAN), ne cesse d’augmenter en Europe, du fait de la hausse de la demande internationale, du prix du gaz et du fret maritime et surtout d’une concurrence insuffisante sur le marché européen. Les agriculteurs européens demandent à la Commission Européenne de mettre fin à la taxe anti-dumping sur les importations en provenance des principaux pays producteurs d’UAN.
COMPRENDRE L’ANTIDUMPING
Selon l’Organisation Mondiale du Commerce, « si une entreprise exporte un produit à un prix inférieur à celui qu’elle pratique normalement sur son propre marché intérieur, on dit qu’elle pratique le dumping ». Pour éviter une concurrence déloyale, l’Europe comme les autres Etats a alors la possibilité d’imposer une taxe supplémentaire anti-dumping sur les produits importés, qui arrivent sur son sol à un prix inférieur à ceux commercialisés par les fabricants européens.
DES MESURES ANTI-DUMPING DEFAVORISANT LES PRODUCTEURS AGRICOLES EUROPEENS
Cette mesure anti-dumping, lancée en 2019 par la Commission européenne à l’initiative des producteurs européens d’engrais, a bloqué le marché nuisant gravement à la disponibilité de la solution azotée. Résultat : Les prix de l’UAN ont doublé depuis 2018, et ils continuent de progresser ces derniers mois avec les soubresauts économiques de la pandémie de COVID. Les agriculteurs français subissent des augmentations de charges inquiétantes avec, depuis le début 2021, +25% sur le cours des engrais et +35% sur celui des carburants. Or, les engrais représentent 40 % des coûts des intrants des céréaliers en Europe et 42% en France.
« Au vu des résultats de la moisson et des cours aujourd’hui, nous sommes plutôt confiants pour la campagne, mais ce n’est pas gagné, les charges explosent pour 2021-2022, alors que nous les avions contenues ces dernières années. » souligne Cédric Benoist, Secrétaire général adjoint AGPB en charge des politiques européennes.
Aujourd’hui, les agriculteurs européens sont très pénalisés, la taxe mise en place représente pour eux une ponction supplémentaire de 210 millions d’euros par an au profit des producteurs d’engrais européens qui font des profits confortables. Cette barrière inutile à l’importation réduit la concurrence et aboutit à désorganiser le marché avec pénurie et spéculations à la clef.
UNE SITUATION INADMISSIBLE POUR LE COPA-COGECA
Le COPA-COGECA, représentant à Bruxelles les intérêts des agriculteurs et de la coopération agricole, se mobilise pour faire cesser cette situation ubuesque défavorisant gravement les agriculteurs européens. L’instance, présidée par Christiane Lambert, a officiellement déposé une demande de suspension en avril 2021 afin que cette mesure soit levée. La Commission est en train d’analyser cette requête.
FAIRE ENTENDRE LA VOIX DES AGRICULTEURS FRANÇAIS A BRUXELLES
Face à cette situation très inquiétante, les agriculteurs membres du COPA COGECA ont lancé un appel à mobilisation partout en Europe avec le hashtag #DumpTheAntidumping (en français laissez tomber l’antidumping) sur les réseaux sociaux pour demander à la Commission de rouvrir immédiatement le dossier, seule solution pour mettre fin à ces taxes anti-dumping.
La mobilisation des céréaliers français est essentielle pour faire entendre la voix des producteurs sur ce débat complexe mais vital pour préserver l’équilibre économique des exploitations agricoles dans toute l’Europe. L’AGPB présente à Bruxelles et au COPA COGECA vous invite à partager massivement les éléments du COPA COGECA sur le sujet et interpeller nos représentants nationaux et européens[1]. La mobilisation de tous est le seul moyen pour inviter la Commission à revoir sa copie.
Vous pouvez des maintenant visualiser les vidéos de Cédric Benoist et Jean François Bléchet, agriculteurs en région Centre-Val de Loire et partager leur vidéo avec le #DumpTheAntidumping.
[1] Commission européenne: DG Agriculture @EUAgri, DG Commerce @Trade_EU, Commissaire au commerce @VDombrovskis, Commissaire à l’agriculture @jwojc