A la demande de certains fabricants est-européens de solution azotée, la Commission européenne a lancé le 13 août 2018 une enquête en vue de décider d’imposer ou non des droits antidumping à l’importation de solution azotée en provenance des Etats-Unis, de Russie et de Trinité-et-Tobago.
Alors que les producteurs de céréales et d’oléagineux, qui sont les principaux utilisateurs d’azote, vendent leurs grains à un prix aligné sur le prix mondial, le marché européen et français des engrais azoté est protégé par des barrières douanières, avec une concurrence insuffisante et des prix anormalement élevés. L’instauration de taxes antidumping sur la solution azotée ne ferait qu’aggraver cette situation déjà préoccupante.
La France étant de très loin le principal marché européen pour cet engrais, nous avons immédiatement réagi et pris la tête des démarches de l’agriculture européenne à Bruxelles. Se sont officiellement portés parties prenantes dans l’enquête l’AGPB (qui représente aussi la FNSEA), Coop de France-Métiers du grain ainsi que le Copa-Cogeca, notre syndicat professionnel européen.
C’est ainsi que nous avons demandé et obtenu plusieurs auditions par la Commission européenne : le 29 septembre 2018 où l’AGPB conduisait une délégation d’utilisateurs qui comprenait aussi nos homologues anglais, irlandais et européens ; le 22 octobre où InVivo présentait le point de vue des importateurs ; et le 25 octobre où l’AFCOME représentait les coopératives et distributeurs français.
Nous avons communiqué à la Commission européenne des faits et chiffres démontrant que l’azote constitue une part très importante et croissante des coûts de production en grandes cultures, que les prix de l’azote sont déjà en très forte augmentation depuis le milieu de l’année 2018, et que la mise en place de droits antidumping aggraverait encore la situation des agriculteurs, et notamment des producteurs de grains qui sont déjà dans une situation économique critique.
La prochaine étape devrait intervenir le 27 mars 2019 où la Commission pourrait proposer au Comité des instruments de défense commerciale l’imposition de droits antidumping provisoires avec un vote consultatif à la majorité simple.
C’est pourquoi, le 8 janvier 2019, nous avons rencontré les ministères chargés de l’industrie, des finances et de l’agriculture pour demander aux autorités françaises de se positionner contre l’instauration de ces nouvelles barrières sur un marché déjà trop protégé.
Nos collègues européens sont en train d’effectuer des démarches similaires auprès d’Etats membres comme l’Allemagne, le Royaume-Uni, la République Tchèque, la Belgique, la Hongrie, le Danemark, l’Italie, l’Irlande, la Finlande.
L'AGPB reste en alerte sur ce dossier très évolutif, alors que l’annonce même du lancement de l’enquête l’été dernier a suffi à tendre le marché de l’azote liquide tout au long du second semestre 2018 et à créer un phénomène de pénurie sur les disponibilités dès le début de l’année 2019.
Contact: Nicolas Ferenczi, nferenczi@agpb.fr