Face à la volatilité croissante des rendements et des prix des céréales, mise en lumière par la récolte catastrophique en France en 2016 puis par des marchés déprimés cette année, dégager un revenu en année « moyenne » ne suffit plus. Il faut maintenant pouvoir résister à des baisses importantes de chiffre d’affaires plusieurs années de suite, donc disposer d’une panoplie efficace d’outils de gestion des risques.
A côté de l’épargne de précaution individuelle portée par l’AGPB, l’assurance récolte est l’autre outil qui a prouvé son efficacité pour tous les producteurs de grandes cultures. Cette assurance couvre les risques interannuels que le climat fait peser sur la production. Mais elle est largement sous-développée en Europe, à l’exception notable de l’Espagne. En France, sa diffusion est même en baisse en grandes cultures. Pourtant, en 2016, les 25% de céréaliers qui étaient assurés s’en sont beaucoup mieux tirés que les autres.
Plusieurs freins expliquent cette stagnation : seuil de déclenchement actuel trop élevé (30% de perte pour bénéficier des aides européennes), coût des primes et retard des subventions, effet des mauvaises récoltes passées sur les références de rendement, trésorerie exsangue des exploitations.
C’est pour lever le premier frein que l’AGPB demande que l’assurance climatique soit aidée par la PAC à partir de 20% de pertes. Dans le cadre du projet de « Règlement omnibus » offrant la possibilité d’améliorer la gestion des risques dans le deuxième pilier de la PAC, c’est avec cet objectif que nous dialoguons depuis plusieurs mois avec les autorités européennes. Et tout particulièrement avec les députés de la Commission agriculture du Parlement européen, qui ont soutenu depuis le début de l'année notre demande.
Le 10 octobre, une délégation de l’AGPB rencontrait à Bruxelles plusieurs députés européens, à la veille du dernier « trilogue » agricole sur le « Règlement omnibus » entre le Parlement européen, le Conseil Agriculture et la Commission. Le 14 octobre, nous apprenions qu’un accord était intervenu dans ce trilogue, approuvé le 16 octobre par le Comité spécial agriculture représentant les 28 gouvernements.
Cet accord, mis en œuvre à partir de 2018, prévoit que les états membres pourront décider d’une subvention par la PAC jusqu’à 70% des primes d’assurance récolte (65% actuellement), et ce pour des polices indemnisant les agriculteurs à partir de 20% de perte de rendement par rapport à la moyenne quinquennale (30% actuellement). Ce seuil de perte abaissé est une amélioration décisive qui va permettre à cet outil d’être plus largement diffusé en France et en Europe et aux producteurs d’être mieux protégés des aléas du climat.