Interview de Jean-François Loiseau, président d’Intercéréales
Il était de notre devoir de répondre à cette urgence humanitaire
14/08
Actuagri
A la suite de la tragédie qui s’est produite à Beyrouth, le 4 août dernier, les meuniers français ont offert 500 tonnes de farine de blé pour la population libanaise. Le porte-hélicoptères, Le Tonnerre, a quitté la base navale de Toulon, dimanche 9 août avec à son bord un premier chargement de 250 tonnes en direction du Liban. Un deuxième chargement est parti le 11 août. Pour en savoir plus sur cette opération de solidarité, nous avons interrogé Jean-François Loiseau, président de l’Association Nationale de la Meunerie Française et d’Axéréal, à l’origine de cette initiative.
Pourquoi avez-vous pris cette initiative ?
Jean-François Loiseau : Le Liban est un pays lié à la France et avec lequel nous avons des relations historiques. Pour preuve, le Président de la République, Emmanuel Macron s’est rendu sur le champ à Beyrouth. Sur place, il a prononcé un discours très fort sur cette tragédie. Avec mes collègues meuniers nous avons été interpellés et nous avons décidé de faire un geste fort pour répondre à cette urgence humanitaire, en lien avec le cabinet du Ministre de l’agriculture et la cellule de crise du quai d’Orsay.
Y-avait-il un risque de rupture d’approvisionnement en denrées alimentaires ?
JFL : C’est difficile à dire. En tout cas l’explosion de 2 700 tonnes de nitrate d’ammonium conservées dans des conditions précaires dans le port de Beyrouth a détruit les entrepôts où sont stockées les céréales importées. Ce qu’il faut savoir également, c’est que la moitié de la population de ce pays vit sous le seuil de pauvreté. La destruction du silo n’a fait qu’ajouter des difficultés supplémentaires à une situation déjà dramatique.
Combien d’entreprises se sont associées à cette opération et comment s’est-elle déroulée ?
JFL : La farine offerte provient de 20 meuniers répartis sur tout le territoire et de toutes tailles. Les plus petits ont pu offrir un demi-camion, les plus grands jusqu’à trois camions. Quelles que soient leurs tailles, ces entreprises ont conditionné et transporté la farine en sacs de 25 kg en un temps record. Arrivées sur la base navale de Toulon, les cargaisons ont été prises en charge par la marine nationale qui les a installées dans les bateaux. Arrivés à Beyrouth, les lots de farine ont été récupérés et gérés par l’Ambassade de France qui les distribue dans des réseaux sécurisés.
Allez-vous prendre d’autres initiatives en ce sens ?
JFL : Comme dans tous les pays qui vivent de tels drames, la priorité est au médicament, à l’alimentation et à la reconstruction. Il y aura des demandes en céréales, en lait pour les enfants notamment à satisfaire. Notre intention est bien d’y répondre à notre niveau en relation avec la cellule de crise du quai d’Orsay et de nous associer au programme alimentaire qui a été mis en place par les Nations Unies pour venir en aide aux populations sinistrées.