Lors de sa séance de Conseil d’administration, le mardi 16 avril, l’AGPB a invité Andrée DEFOIS et Gabriel OMNES de Stratégie Grains pour venir présenter leur vision de la fin de campagne de commercialisation des grains 2018-2019 et les perspectives pour la prochaine campagne céréalière.
En débutant son intervention, Andrée Defois est revenue sur la fin de campagne, marquée par la hausse du pétrole et la baisse de l’Euro ! La hausse du pétrole depuis 3 mois, après un « plongeon » au plus bas depuis 2016, reste délicate pour le secteur des biocarburants, mais impacte le prix (à une hausse relative) des matières premières agricoles et la position de l’Euro sous le niveau de 1,15 US$, est une situation favorable aux exportations.
Elle constate par ailleurs, un certain nombre de facteurs qui impactent également les prix au cours de cette campagne, notamment les tensions commerciales bilatérales actuelles : « USA-Chine », qui entrainent momentanément les prix du soja et du maïs à la hausse, Canada-Arabie Saoudite (arrêt des importations d’orges canadiennes sur la Chine), Malaisie-Indonésie (pays producteurs d’huile de palme), les incertitudes liées au Brexit et à l’écoulement des production agricoles du Royaume Uni, l’impact de la fièvre porcine en Chine (20% de truies qui ont été abattues… production porcine en forte baisse…baisse des importations de soja ; l’impact du changement climatique, avec la sécheresse qui touche particulièrement l’Est de l’Australie ; autant d’éléments qui ont impacté la hausse des prix.
Enfin, Andrée Defois est revenue sur la production mondiale de céréales à paille, en forte baisse pour la récolte 2018, ce qui a eu pour conséquence, une hausse des surfaces pour la récolte 2019 (sauf en Blé dur) et sur la situation des stocks mondiaux attendus en baisse de 7 à 8 Mt au 30 juin 2019 par rapport à la campagne précédente.
Elle constate ensuite qu’aujourd’hui les blés français ont gagné en compétitivité sur la fin de campagne 2018-19, mais restent moins attractifs que les blés d’origine Mer Noire en « nouvelle récolte ». Ainsi, le volume d’exportations pays tiers est-il attendu autour de 9,8Mt en fin de campagne (+20% par rapport à la campagne précédente).
Elle constate ensuite que le bilan européen en Blé est à peine équilibré en cette fin de campagne, du fait de la baisse de la production 2018 (127 MT contre 142 en 2017). La hausse relative du prix du blé par rapport au maïs a fait chuter les utilisations de blé en alimentation animale (49 MT contre 56 en 2017). Avec 20 MT exportées sur pays tiers (Blé tendre et blé dur), d’ici la fin de campagne, les stocks sont attendus en juin 2019 autour de 11 MT (contre 15 MT au 30 juin 2018).
Le bilan Français blé tendre est également « tendu ». La production française de blé tendre est aujourd’hui estimée à près de 34 MT (36,4 MT en 2017). Avec des utilisations intérieures stables autour de 9 MT (alimentation humaine, amidonnerie), une baisse des utilisations en alimentation animale : 7MT contre près de 8 en 2017, et des exportations attendues autour de 17 Mt (7,32 Mt sur l’Union européenne et près de 9, 6MT sur pays tiers actuellement, les stocks en fin de campagne sont attendus autour de 2,4 Mt (3,1 au 30 juin 2018).
Selon Andrée Defois, les prévisions pour la prochaine campagne annoncent une production mondiale 2019, en hausse de près de 45 MT, dont 18 MT pour l’Union européenne, quand la production française toujours selon ses prévisions est attendue autour de 37MT (34 en 2018). Les stocks mondiaux au 30 juin 2020 seraient en hausse de près de 6 à 7 Mt par rapport à la situation 2018.
Avec une augmentation de la production et malgré une reprise des utilisations en alimentation animale et des volumes d’exportations pays tiers qui augmenteraient à près de 25 MT (21 en 2018), les stocks européens de blé augmenteraient à près de 15 MT (11 au 30 juin 2019).
Le bilan français évoluerait de façon similaire, avec des stocks au 30 juin 2020 estimés aujourd’hui à près de 4 Mt contre 2,4 au 30 juin 2019.
Pour Andrée Defois et Gabriel Omnes, ce sont ces perspectives qui malgré un rebond des prix à court terme permettent de comprendre les perspectives plus lourdes pour la campagne 2019/2020.
Par Patrice Auguste