NEONICOTINOIDES DES ALTERNATIVES QUI ALOURDIRAIENT LES CHARGES DES CEREALIERS ?

La France a voté le 8 aout 2016 la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages qui prévoit l’interdiction des produits de protection des plantes à base de néonicotinoïdes à compter du 1er septembre 2018. La loi prévoit également que des dérogations pourront être accordées jusqu’au 1er juillet 2020. Dans ce cadre, l’ANSES a été saisie par le Ministère de l’Agriculture afin de réaliser une évaluation mettant en balance les risques et les bénéfices des alternatives chimiques et non chimiques aux néonicotinoïdes.

Les principales utilisations des néonicotinoïdes pour la production de céréales à paille concernent en France, environ 60% des semences d’orges d’hiver et 30% des blés d’hiver. L’utilisation d’un traitement de semence à base d’imidaclopride permet de protéger de façon efficace les plantes contre les vecteurs de viroses et d’éviter ainsi les pertes importantes liées à ces maladies.

L’AGPB a pris acte du rapport intermédiaire de l’ANSES qui fait ressortir des avantages et des inconvénients sur des alternatives chimiques et non chimiques aux néonicotinoïdes à la fois sur l’environnement et sur la santé humaine dont il n’est pas simple d’apprécier la pondération des différents facteurs. Mais elle regrette toutefois que ce rapport ne mentionne pas les impacts économiques sur la filière céréalière du fait de leur utilisation.

L’AGPB a demandé officiellement au ministre Stéphane Travert que des données complémentaires sur ce point soient intégrées dans le rapport final de l’ANSES car l’AGPB estime que le retrait des néonicotinoïdes entrainera, une charge supplémentaire de 17 à 27 €/ha pour les producteurs de céréales à paille. En effet, l’utilisation des pyréthrinoïdes comme alternative aux néonicotinoïdes entrainera de facto une augmentation substantielle de l’indicateur de fréquence de traitement (IFT) qu’il convient d’intégrer en termes de coût mais aussi d’impact dans les évaluations :  11% en moyenne pour le blé (5.1 millions d’ha) et de 36% pour l’orge (1.6 millions d’ha).

« L’enjeu est majeur pour les producteurs français de céréales à paille, nous serons particulièrement attentifs à ce que les décisions portant sur les dérogations que nous demandons pour notre secteur prennent bien en compte l’ensemble des éléments tant scientifiques, techniques qu’économiques. » a écrit Philippe Pinta à destination de Stéphane Travert.