PLF 2023 : une occasion unique pour construire la résilience de la ferme France par des synergies inédites entres les filières agricoles

Covid, guerre en Ukraine, aléas climatiques… Face aux crises successives auxquelles nous faisons face , la ferme France, pilier de notre souveraineté alimentaire est en danger.

Aucune de nos filières agricoles n’est épargnée : la France a perdu en cinq ans 650.000 vaches, 10% des maraîchers ont disparu et les récoltes des productions végétales paient cette année un lourd tribu consécutif à une sécheresse inédite.

Les conséquences de cette conjugaison de crises s’incarnent notamment par une volatilité des prix des productions végétales et de leurs coproduits qui impacte lourdement nos filières d’élevages. Par ailleurs,  les producteurs de grandes cultures n’ont aucune visibilité sur  d’hypothétiques évolutions des marchés à la hausse ou la baisse de leurs productions. C’est donc toute l’agriculture française qui est confrontée à une équation économique incertaine.

Oui, nos filières végétales et animales sont intrinsèquement liées pour nourrir nos concitoyens. Elles sont par essence interdépendantes : un éleveur a nécessairement besoin d’aliments pour ses animaux, produits en France par des agriculteurs qui ont, de leur côté, également besoin de commercialiser le fruit de leur travail.

Cette réalité nous encourage à construire ensemble des solutions de sécurisation réciproque contribuant à une meilleure résilience économique de la ferme France.

C’est le sens des réflexions initiées entre nos filières depuis plusieurs mois : notre proposition repose sur une contractualisation pluriannuelle entre les agriculteurs des filières animales et végétales avec l’ambition de proposer un véritable outil de lissage des prix pour l’ensemble de nos filières.

Le monde agricole n’a pas l’habitude de contractualiser de façon pluriannuelle les échanges entre les filières animales et végétales.  Pour nous accompagner à relever ce défi, l’Etat peut agir. En effet, une incitation fiscale fondée sur l’épargne de précaution serait à même d’amorcer le développement de ces pratiques contractuelles pluriannuelles.

Marc Fesneau a résumé son action depuis sa prise de fonction dans le cadre d’une récente interview : « Gérer les crises et tenter de se projeter ». C’est exactement l’état d’esprit qui nous anime et il y a aujourd’hui une fenêtre d’opportunité à ne pas rater.

Dans la discussion du projet de loi de finances (PLF) pour 2023, il est proposé d’améliorer l’épargne de précaution pour ceux qui s’engagent dans cette contractualisation. L’épargne de précaution, c’est un mécanisme de lissage pluriannuel des résultats agricoles, cohérent avec la réalité de notre métier.

Les aléas climatiques et les évènements politiques internationaux nous obligent à bouger, à anticiper des solutions pour nous adapter . C’est donc ensemble que nous devons agir : monde animal, végétal et l’Etat.

Nous avons l’occasion, avec le projet de loi de finance pour 2023, de faire un premier (et un important) pas dans cette direction. Saisissons cette chance !

Il faut insister sur le sens de la mesure proposée : il s’agit de développer la contractualisation comme un nouvel outil de gestion des risques économiques des exploitations agricoles pour mieux affronter des conditions de marché de plus en plus volatiles et imprévisibles.

Ainsi, au lieu d’en appeler à l’Etat quand les agriculteurs sont au fond du trou, construisons et développons dès aujourd’hui une culture économique commune et cohérente avec notre culture paysanne, tous ensemble !

 

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