RETOUR SUR 2019 - 2020 UNE AGPB PLEINEMENT MOBILISEE

A l'occasion de l'Assemblée générale de l'AGPB, Eric Thirouin, Président et Philippe Heusele, Secrétaire général se sont entretenus avec des journalistes pour faire le point sur les 18 derniers mois et les perspectives 2020 pour les céréaliers francais. Ils livrent leurs regards sur le nouveau cap stratégique défini par l'AGPB et reviennent sur la crise sans précedent que le monde affronte  et ses conséquences pour le futur. Extrait à lire dans sa totalité dans le Rapport d'activité 2019-2020 en téléchargement.

Si l’on revient rapidement sur ces 18 derniers mois, quelles ont été vos priorités ?


Éric Thirouin : Nous avons été confrontés à des contraintes extrêmement fortes sur les moyens de production, qui sont sources d’inquiétudes et de baisse de revenus.

Notre priorité a donc été d’avoir un coup d’avance pour préparer l’avenir.

C’est dans cet état d’esprit que nous avons travaillé sur la PAC, en rencontrant les candidats aux élections européennes, les parlementaires, les Présidents de Région, le nouveau Commissaire européen à l’Agriculture, mais aussi le Président de la République et les partis politiques. Les attentes se cristallisent autour d’un pacte pour l’environnement. Nous l’avions anticipé en préparant la certification environnementale HVE de niveau 2, pour être au rendez-vous, pour valoriser ce que l’on fait en France et le faire certifier. C’est un point extrêmement fort, qui nous a beaucoup mobilisé. Dans le même temps, nous avons aussi travaillé pour que l’agriculture de précision, l’innovation, les NBT soient reconnues. Avec satisfaction, on a pu voir que la Présidente de la Commission européenne a retenu ces volets. C’est le fruit de notre mobilisation à tous. Mais la partie n’est pas gagnée pour autant :

les réductions imposées par la Commission sur les moyens de production risquent de rimer avec décroissance.

En parallèle, nous nous sommes battus pour protéger les céréaliers face aux aléas climatiques, via l’application de mesures pour améliorer le système d’assurance climatique ou encore la refonte de l’épargne de précaution.

Philippe Heusèle : Sur le plan économique et sociétal, nous avons été au rendez-vous, en sachant délivrer des récoltes en quantité suffisante et en qualité. Nous allons connaître une année record à l’export.

Comment relever justement le défi d'une transition agroécologique qui soit économiquement et ecologiquement viable?


Nous défendons une ligne qui est celle de l’équilibre.

Éric Thirouin : Il y a de la place pour tous les marchés (le local, le bio, l’export, etc.) et tous ont leur utilité. La coexistence de plusieurs agricultures est essentielle. La transition agro-écologique, c’est aussi, je le disais, l’innovation. Cela implique de plus en plus de recherche agronomique. Demain, biocontrôle et phytosanitaires seront complémentaires. L’amélioration variétale, via la recherche génétique et la reconnaissance des NBT, ne peut plus être un tabou. Sur le numérique et la robotique, il y a aussi beaucoup à faire. C’est pourquoi, la prochaine PAC devra accompagner les investissements agricoles... Cela nous permettra de produire pour répondre à la demande alimentaire planétaire, tout en améliorant les pratiques environnementales.

Ce qui est non négociable pour nous, c’est de ne pas interdire sans alternative.

Pas d’interdiction sans solution ! Il est hors de question qu’on dise « vous arrêtez tout, et peu importe si vous êtes infectés de pucerons ». C’est ce qui s’est passé avec la loi biodiversité. Il faut en finir avec la vision d’une agriculture diabolisée, alors que l’agriculture française est en leadership sur ces notions environnementales.

Philippe Heusèle : La nature est d’abord ce qu’on en fait, notamment dans les milieux cultivés. Si les défis à venir, alimentaires, environnementaux, démographiques, ont besoin de la nature, ils ne pourront pas être réglés avec les solutions d’hier…

C’est dans cette perspective que l’adhésion générale en faveur d’une certification HVE de niveau 2 permettra de concilier l’ambition d’une PAC économique et écologique.

Et pour cela il faut accompagner les agriculteurs dans le temps, pour que la transition soit soutenable économiquement et techniquement.