UNE SÉCHERESSE SINGULIEREMENT PREOCCUPANTE POUR LES CÉRÉALIERS FRANÇAIS

L’absence de précipitations sur l’ensemble du territoire depuis de nombreuses semaines laisse présager une réduction du potentiel des céréales. Si la situation n’est pas encore catastrophique, les inquiétudes se confirment déjà sur certains territoires. Les prochains jours seront décisifs.

Le monde agricole est trés attentif aux conditions météorologiques des prochains jours. On constate pratiquement partout des déficits importants de pluiviometrie qui ont des conséquences sur le niveau des nappes phréatique. Selon le BRGM du 1er mai, la situation a commencé à se dégrader depuis février, impactant le niveau des nappes souterraines.

C’est notamment le cas  pour les nappes situées entre Vendée, Maine et Touraine ainsi que celles de Côte d’Azur, de Provence et du sud de la Drôme où la situation est particulièrement préoccupante :  des niveaux bas à très bas ont été localement constatés, selon le cabinet d’etudes.

Selon le secrétariat d’Etat à la biodiversité, « Entre septembre 2021 et mars 2022, époque de recharge des nappes phréatiques, on observe un déficit de 20 % de cette recharge ». La situation est particulièrement délicate dans le Grand Est, le nord de l’Aquitaine, la Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Corse. En avril, le déficit pluviométrique a atteint 25 % par rapport à la moyenne dans les mêmes régions ainsi que dans le Nord-Pas de Calais. Les prévisions de Météo-France ne sont pas optimistes pour les prochaines semaines avec des épisodes de chaleur et peu de précipitations envisagées

Pour les céréales d’hiver, et plus particulièrement le blé tendre, la période est donc particulièrement critique. Une conjugaison successive de plusieurs facteurs explique la situation: l’absence de précipitations préalables à la reprise de végétation puis l’augmentation de l’évapotranspiration liée à la hausse des températures des ces dernieres semaines.

La montaison a donc débuté dans un contexte très défavorable et arrive progressivement à un stade particulièrement délicat avant le remplissage des grains. Les conséquences sont déjà visibles sur certains territoires : baisse nombre de talles et d’épis mais également du nombre de grains par épis, dont le remplissage et déjà compromis. Selon Serge Zaka, docteur-chercheur en agro climatologie chez ITK  « Ces dégâts sont irréversibles. Chaque jour nous perdons quelques % de rendement. Un épi desséché est un épi définitivement perdu ! “.

Les passages orageux annoncés sur le Nord Ouest de la France à partir du 14 mai mai ne rattraperont donc pas ces pertes et la sécheresse s’accentuera à l’Est. Une sécheresse en avril-mai impacte le rendement même s'il pleut en juinrapelle Serge Zaka

La situation est d’autant plus dommageable, que le potentiel des céréales d’hiver était à ce stade,  évalué haut par ARVALIS. Dans les sols superficiels, les céréales commencent à connaître des difficultés. “ je le vois dans mes propres champs, ca décroche en petites terres, et cette semaine ca va etre en terres plus profondes” s’est exprimé Eric Thirouin sur Franceinfo. Le Président et le Conseil d’Administration de l’AGPB restent mobilisés pour suivre l’évolution de la situation en temps réel et appellent à la mise en oeuvre des recommandations du Varenne de l’eau de 2021…Notamment la possibilité de stocker l’eau des précipitations hivernales pour palier aux déficits hydriques tels que ceux rencontrés actuellement.