Le déficit commercial de la France (commerce des marchandises), après 4 années d’amélioration, s’est de nouveau dégradé à -48 milliards d’euros en 2016 contre -45 milliards en 2015.

Les importations françaises stagnent (+0,1%), et la forte croissance des achats de produits manufacturés (+2,4% : aéronautique, automobile, machines industrielles) est compensée par la contraction des achats d’hydrocarbures liée à la baisse de leurs prix. La dégradation du solde commercial s’explique donc par une baisse des exportations (-0,6%) liée à la baisse des ventes de produits intermédiaires (métallurgiques, chimiques), de produits énergétiques et de produits agricoles, ceci malgré la hausse des exportations d’automobiles, de bateaux, d’équipements automobiles et de produits de luxe.

Le palmarès 2016 des secteurs excédentaires français

Le secteur exportateur leader est la construction aéronautique et spatiale dont le solde commercial s'élève à +18,5 milliards d’euros contre 22,2 en 2015. Le secteur des vins et spiritueux, stable, renouvelle son record de 2015 (+10,5 milliards) de 3ème secteur exportateur national et de 1er du complexe agricole et alimentaire français. Le secteur suivant -les parfums et cosmétiques-, se hisse en 4ème position avec un solde de +9,3 milliards, en hausse de 1,3%. Malgré la chute brutale de son excédent à 7 milliards, en baisse de 21% par rapport aux 8,8 milliards de 2015, la filière céréalière se maintient en 5ème position en 2016, loin devant la pharmacie.

le commerce extèrieur du secteur céréalier (grains et 1ere transformation) en baisse suite à la moisson catastrophique

Pour parler du rôle économique du secteur céréalier, on utilise généralement l’agrégat céréales et produits de la première transformation des céréales. Les céréales brutes comprennent  également le riz. Les produits de 1ère transformation intègrent, quant à eux, les produits du travail des grains (farines, semoules), les produits amylacés, le malt (dérivé de l’orge) et par convention 50% du poste aliments pour animaux. On pourrait y ajouter les produits de 2ème transformation (pain, biscuits, pâtisseries, pâtes alimentaires et bière) qui sont structurellement déficitaires d’environ 630 M€ par an.

L’excédent commercial du secteur céréalier se tasse fortement en 2016 à 7 milliards d’euros, en baisse de 1,9 milliards par rapport à 2015 et en baisse de 2,1 milliards par rapport aux 9,1 milliards de la moyenne quinquennale. Cette chute, principalement attribuable à celle des exportations de céréales brutes (-1,6 milliards), est aussi la première cause de dégradation de l’excédent commercial de la branche agricole et agro-alimentaire française, qui passe entre 2015 et 2016 de 9,2 à 6,1 milliards d’euros.

On peut noter par ailleurs que l’excédent, même réduit, dégagé par le secteur céréalier en 2016 reste du même ordre de grandeur que celui de l’agriculture et de l’agro-alimentaire, au sein duquel 2 autres secteurs excédentaires (vins et spiritueux: + 9,7 milliards et produits laitiers:+3 milliards) compensent les déficits des secteurs fruits et plantes à boisson (-4,5 milliards), pêche et ses produits (-4,1 milliards), fruits et légumes transformés (-2,8 milliards), huiles et graisses (-2,2 milliards) et tabacs (-1,6 milliards).

La chute est principalement attribuable aux céréales brutes dont l’excédent tombe à 5,1 milliards d’euros (-1,6 milliards soit -25% par rapport à l’an dernier). Elle résulte d’une baisse du même montant des exportations de grains qui passent de 7,2 milliards à 5,6 milliards. Elle touche les principales céréales exportées : blé tendre (-700 M€), orge (-450 M€) et maïs (-300 M€), principalement vers les pays tiers. C’est la conséquence de la très forte baisse de la récolte céréalière française: 54,4 Mt en 2016 au lieu de 72,6 Mt en 2015, soit une chute de 18,2 Mt (-25%), concentrée pour l’essentiel sur le blé tendre, la céréale la plus exportée et dont la production a baissé de 40,9 à 27,9 Mt (-13,1 Mt soit -32%).

Et la présentation des comptes nationaux en année civile masque partiellement cette baisse, puisque 2016 ne reflète que le début de la campagne 2016-2017.