En cette période de crise qui affecte tous les producteurs de grandes cultures, toutes les productions, toutes les régions et tous les départements, nous voulons aujourd’hui vous assurer que nous agissons de façon résolue et déterminée auprès des Pouvoirs publics, en lien avec la FNSEA, pour défendre la valorisation de nos productions, la pérennité de nos exploitations et notre revenu.
Nombreux sont les sujets qui nous préoccupent, qu’il s’agisse des plans de filière, des Etats Généraux de l’Alimentation, de la compétitivité, des biocarburants, des facteurs de production (produits de protection des plantes, sélection variétale, irrigation...), de la recherche et de l’innovation, des marchés intérieurs et internationaux, des politiques fiscales, environnementales, sociales ou territoriales. Nous tenons toutefois ici à nous focaliser sur les discussions autour de la prochaine Politique Agricole Commune.
En cette période de débats et alors que la Commission européenne annonce pour juin prochain sa proposition pour la future PAC, nous tenons à réaffirmer avec force la nécessité d’une politique agricole forte, commune et qui préserve la dimension économique de l’agriculture.
Nous voulons un budget préservé, maintenant un niveau fort d’aides directes. C’est un impératif face à des contraintes européennes pesant de plus en plus sur nos coûts de production et face à des concurrents soumis à des normes moins strictes, voire quasiment inexistantes et bénéficiant souvent d’aides publiques croissantes.
De plus, alors que la Commission européenne propose un « nouveau modèle de programmation » qui encouragerait les Etats membres à mener des politiques agricoles divergentes, nous alertons sur les distorsions de concurrence qui en découleraient : elles seraient un véritable poison pour l’Europe.
Nous estimons que les soutiens à l’hectare doivent être homogènes. Quant aux mécanismes légitimes mais distorsifs que sont les aides couplées, les prélèvements redistributifs et les compensations pour handicaps naturels, ils doivent être unifiés ou encadrés dans tous les pays d’Europe.
Enfin, pour permettre aux agriculteurs d’accélérer leur transition économique et environnementale, nous demandons que la PAC évolue dans trois directions complémentaires.
- La première vise la résilience économique de nos exploitations face aux aléas du climat et du marché. Cela suppose une panoplie d’instruments de gestion des risques, centrée autour d’une épargne de précaution efficace et simple d’utilisation, d’outils de type assurantiel performants intégrant assurances climatiques et fonds mutuels, ainsi qu’une réserve européenne de crise indépendante du budget annuel.
- La seconde vise notre capacité à produire plus pour la sécurité alimentaire et produire mieux pour répondre aux attentes sociétales. Ce sont deux impératifs. Ils passent par un verdissement de la PAC plus axé sur la performance environnementale et par un accès à l’eau et aux intrants harmonisé en Europe. La PAC doit encourager l’investissement dans le stockage de l’eau, l’agriculture de précision et les technologies numériques tout en favorisant la recherche et l’innovation.
- La troisième vise le soutien renforcé à nos exploitations en encourageant des modèles d’organisation économiques durables et le développement de filières créatrices de valeur pour tous et en particulier pour les producteurs. A ce titre, l’organisation des filières doit permettre une juste répartition de la valeur. Au-delà, la PAC doit s’inscrire au cœur d’une stratégie globale européenne cohérente et conquérante pour son agriculture. Elle doit ainsi favoriser l’investissement dans la logistique et l’accès aux marchés. Elle doit enfin consolider et accompagner l’émergence de nouveaux marchés comme l’énergie, la bioéconomie ou la protéine au travers de plans ambitieux.
C’est ainsi que la PAC sera et restera un des piliers de la construction européenne. La France doit rester le moteur d’une véritable ambition pour l’agriculture européenne.