La Confédération Générale des Producteurs de Betteraves (CGB) a tenu son assemblée générale le 10 décembre en Visioconférence du fait de la poursuite de la crise sanitaire.
Dans son propos introductif, le Président Franck Sander est revenu sur cette année 2020 tout à fait particulière, qui restera dans les annales des plus mauvaises campagnes avec l’épidémie de jaunisse qui a amputé de 30 % la production française.
Avec un rendement inférieur à 65 T/ha, la récolte de betteraves est attendue sous les 27 MT de betteraves, en baisse de 30 % par rapport à la moyenne cinq ans. La France betteravière n’avait pas connu une production inférieure à 30 MT depuis la fin des années 80 !
Cette crise sanitaire a engendré une très forte chute des rendements et de revenus. La CGB estime que les pertes de rendements se chiffrent à 280 M€ minimum pour les betteraviers quand la perte de valeur ajoutée pour la filière s’établira entre 600 et 700 M€ !
Un plan d’action inédit au niveau des producteurs et de la filière
L’invasion inédite de pucerons verts dans les champs de betteraves au printemps a poussé la CGB à alerter immédiatement les autorités. Elle a obtenu des dérogations pour étendre l’usage d’insecticides en pulvérisation, mais rien n’a réellement pu contrer cette jaunisse dévastatrice.
Le Président Sander a mis en valeur le travail impressionnant développé depuis l’été 2020 avec tous les partenaires économiques et politiques de la filière. La CGB a ainsi très rapidement déployé une grande campagne d’information visible dans les champs pour alerter de la gravité de la crise sanitaire qui frappait les betteraves.
La nomination du nouveau ministre de l’agriculture, qui s’est aussitôt déplacé dans un champ de betterave en Seine-et-Marne, a accéléré le tempo. A peine nommé, le 6 août, Julien Denormandie a annoncé un plan de soutien gouvernemental à la filière betterave sucre comprenant notamment un projet de loi permettant par dérogation, l’utilisation des néonicotinoïdes en enrobage de semences pour la betterave sucrière.
Dès le 22 septembre, dans le cadre de ce plan de soutien, deux documents ont été remis par la CGB au
Ministre : un plan de prévention, produit par l’interprofession, qui présente toute une série d’engagements de la filière devant permettre d’accélérer la transition et de protéger les pollinisateurs et un plan de recherche, élaboré par l’ITB et l’INRAe pour permettre de trouver de nouvelles solutions, soutenu par un investissement de l’Etat à hauteur de 7 M€.
En octobre, les députés et les sénateurs ont voté le projet de loi en faveur des néonicotinoïdes, adopté définitivement le 4 novembre.
Une décision du Conseil constitutionnel pendant cette A.G. !
C’est au cours de cette AG que le Président Sander a annoncé la décision du Conseil constitutionnel qui a jugé conforme à la Constitution, ce jeudi 10 décembre, la loi mettant en place une dérogation à l'interdiction d'usage des néonicotinoïdes, limitée à la seule filière des betteraves sucrières, « pour faire face aux graves dangers qui menacent la culture de ces plantes (...) et préserver en conséquence les entreprises agricoles et industrielles de ce secteur et leurs capacités de production » et « compte tenu de l'ensemble des garanties dont elle est assortie et en particulier de son application limitée exclusivement jusqu'au 1er juillet 2023 ».
Un table ronde intitulée « Betteraves : 1000 jours pour trouver de nouvelles solutions face à la jaunisse » avait ensuite pour objectif d’aborder les enjeux de cette crise et les actions à entreprendre rapidement pour trouver les bonnes solutions. Elle réunissait Grégory Besson Moreau, Député de l’Aube - Rapporteur du projet de Loi sur les néonicotinoïdes, Philippe Mauguin, Président-Directeur Général INRAe, Sophie Primas, Sénateur des Yvelines - Présidente de la Commission des Affaires Economiques du Sénat, Alexandre Quillet, Président de l’Institut Technique de la Betterave (ITB) et André Schmiesing, Directeur du département phytopathologie Deleplanque-Strube.
Au cours de cette table ronde, les intervenants ont convenu que cette période de trois ans, courte à l’échelle du temps de la recherche, devait être mise à profit par l’ensemble des acteurs de la filière, avec en premières lignes l’ITB, les semenciers et l’INRAe, pour mettre sur pied des solutions alternatives efficaces et viables tant au plan technique qu’économique, dont certaines ont été présentées par le représentant de l’INRAe et le Président de l’I.T.B.
Pour les parlementaires présents à cette table ronde et pour les producteurs, une véritable course de vitesse est également engagée pour éviter le découragement des producteurs de betterave.
Le Président Sander a précisé que le maintien des surfaces en 2021 passait aussi par une compensation des pertes financières subies par les betteraviers en raison de la crise sanitaire et la CGB travaille à trouver les meilleures solutions d’indemnisation pour les planteurs touchés par la jaunisse.
Ces indemnisations inscrites dans le plan de soutien gouvernemental, les services de l’Etat doivent répondre rapidement à cette urgence absolue afin que les betteraviers puissent soulager des trésoreries exsangues et se projeter dans l’avenir, particulièrement dans les cas les plus extrêmes.
Le Président a précisé par ailleurs que tous ces messages étaient largement transmis par la CGB et l’interprofession auprès du Ministre de l’Agriculture et du délégué interministériel Henri HAVARD, nommé par le 1er Ministre en septembre dernier.
Dans ce cadre, la CGB demande que soit complété le dispositif « de minimis » qui impose un plafond à l’indemnisation. Pour de nombreux betteraviers, cette contrainte est incompatible avec une juste indemnisation au regard de la gravité du sinistre subi cette année. Des réponses claires doivent être apportés aux planteurs dans les prochaines semaines, alors qu’ils vont commencer à acheter leurs semences pour les semis du printemps 2021.
Le ministre dans son intervention a remercié tous les intervenants sur ce dossier et a salué la cohésion du travail avec les représentants des producteurs et de la filière, dans la transparence et la confiance, pour trouver malgré la crise les solutions les plus appropriées pour venir en soutien aux 25 000 producteurs et à la filière dont dépend 90 000 emplois directs, indirects et induits, essentiellement en milieu rural en France dont 45 000 emplois dans les 21 sucreries.
Le Ministre a précisé ensuite la feuille de route à venir avec la mise en œuvre de la loi, puis pour trouver le meilleur dispositif d’indemnisation des producteurs, sans minimiser les difficultés qui attendent les producteurs et la filière sur tous ces sujets .
Le Ministre a enfin abordé les prochaines discussions dans le cadre du plan stratégique national, dans le cadre de la réforme de la PAC en négociation au niveau des instances européennes (Commissions, Conseil des Ministres et Parlement européen). En focalisant son propos sur la gestion des risques il a voulu montrer les choix possibles et la nécessaire cohérence de la profession agricole pour répondre au défi de « quelle agriculture nous voulons-en France en 2027 ».
En conclusion de cette Assemblée Générale, le Président Franck Sander a remercié chaleureusement le Ministre pour son soutien dans cette crise que traverse les producteurs et leur filière, les parlementaires et les partenaires pour leur dynamisme dans leurs actions et leur soutien eux aussi au quotidien à la filière en grande difficulté Il s’est réjoui enfin de la présence nombreuse des participants, avec plus de 800 personnes qui se sont connectées au cours de cette A.G.