L’AGPB demande au Gouvernement un plan historique pour garantir l’avenir d’une filière céréalière en péril

Mardi 8 septembre 2020. Au lendemain d’une moisson 2020 catastrophique pour les céréaliers, l’AGPB a tenu sa conférence de presse de rentrée dans un contexte de crise. Les aléas climatiques, l’augmentation des agresseurs biologiques, la baisse continue des aides européennes et les orientations politiques basées sur la suppression des solutions de lutte mettent en péril l’avenir de la filière céréalière. Face à ces conditions qui ne sont plus tenables et dans le prolongement du plan France Relance, Eric Thirouin, Président de l’AGPB, appelle à un rendez-vous politique historique avec le Gouvernement, afin de soutenir sans plus attendre un plan ambitieux pour l’avenir. Il est temps de donner aux agriculteurs les leviers pour répondre aux enjeux de résilience et à la souveraineté alimentaire de demain.

Moissons 2020 : plus de 50% des céréaliers ne dégageront aucun revenu en 2020

Avec une production évaluée en deçà des 30 millions de tonnes pour le blé́ tendre, soit une perte de 25% par rapport à 2019, les céréaliers français vivent l’une des pires moissons depuis 30 ans.

« Les résultats exprimés en moyenne ne font pas ressortir les disparités des rendements qui vont du simple au sextuple. Les premières prévisions officielles ont été beaucoup trop optimistes, et l’impact économique attendu sur les exploitations sera bien plus important que celui annoncé. Au total, c’est plus de 50% des céréaliers qui ne dégageront aucun revenu en 2020. C’est une année de travail pour rien, et qui en plus, handicape la suivante » confirme Eric Thirouin.

Après huit années difficiles qui ont fortement pesé sur les trésoreries, la plupart des exploitations est aujourd’hui fragilisée, avec un impact sur toute la filière. « Nous avons rencontré Julien Denormandie, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation pour déployer sans plus attendre des mesures exceptionnelles telles que la mise en place des cellules de crise dans l’ensemble des départements impactés et une avance des aides de la PAC à hauteur de 80% du montant de 2019 au plus tard le 15 octobre 2020 » affirme Eric Thirouin, qui attend que des décisions soient prises sur d’autres mesures comme le dégrèvement automatique de la TFNB dans les zones sinistrées et l’allègement de charges sociales.

Donner une nouvelle ambition politique à une filière stratégique pour la souveraineté alimentaire et l’économie française

Si la filière céréalière reste un secteur d’excellence* permettant à la France d’être le premier exportateur de l’UE, elle est aujourd’hui en péril.

« Les céréaliers sont à bout de souffle et la majorité d’entre eux se pose la question de la poursuite de leur métier. La problématique du renouvellement des générations est plus que jamais d’actualité. Si le Gouvernement ne prend pas conscience de la situation, nous allons dans le mur. La France doit se redonner une ambition pour son agriculture, dont l’avenir se joue maintenant ! » alerte Eric Thirouin, qui appelle à un rendez-vous politique historique avec le Gouvernement. L’objectif : sécuriser pleinement l’intégration des céréaliers dans le plan de relance pour accompagner l’investissement, la recherche et l’innovation en vue des discussions autour de la future PAC.

Dans cette perspective, l’AGPB réaffirme les grandes orientations du projet stratégique qu’elle souhaite voir soutenues par le Gouvernement. Ce dernier, qui s’inscrit dans une vision de filière de long terme, repose sur trois axes majeurs :  

  • Garantir la résilience des exploitations au travers d’un rééquilibrage de la PAC en faveur des céréaliers, notamment vers les zones intermédiaires et par l’application immédiate de l’OMNIBUS en baissant la franchise de l’assurance récolte de 30% à 20%.
  • Déployer une politique de gestion des moyens de production cohérente qui fait le pari de l’innovation, pour soutenir la croissance de la production française. Face à la multiplication des impasses pour lutter contre les ravageurs, les suppressions de produits phytosanitaires ne peuvent plus intervenir sans solutions alternatives économiquement viables. En effet, les céréaliers attendent toujours des réponses claires du Gouvernement sur des sujets clés comme le Glyphosate, l’évolution d’une réglementation pour soutenir l’innovation variétale, ou encore l’encadrement du déploiement des ZNT.
  • Accompagner la transition du monde céréalier via des investissements européens significatifs. La filière a chiffré à 10 milliards d’euros sur les 15 prochaines années le financement de la transition agroécologique. L’AGPB a depuis 2019 engagé la filière céréalière sur le niveau 2 de la certification environnementale HVE, pour lequel elle demande une reconnaissance par les pouvoirs publics et dans l’Echoscheme de la future PAC. Aujourd’hui, tous les acteurs de la filière sont prêts et attendent un engagement fort de l’Etat sur une politique d’accompagnement pour déployer massivement la certification dans les exploitations.

« Le gouvernement a présenté un Plan de relance massif. L’AGPB sera attentif à ce que celui-ci intègre pleinement la filière céréalière pour lui redonner la vision et l’ambition dont elle a besoin”.


*240 000 exploitations, 444 000 emplois, 3e poste excédentaire de notre balance commerciale

 

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