Une bonne campagne 2018/2019, qui ne suffit pas à maintenir la balance commerciale agricole intra-européenne

La campagne de commercialisation des céréales françaises 2018/2019 est globalement satisfaisante, tant vers les pays tiers qu’avec les pays européens. La bonne qualité des grains a notamment permis à la France de remettre un pied dans certains marchés perdus suite à la mauvaise campagne 2016/2017. Mais cela ne doit pas éclipser une désagréable nouveauté : la balance commerciale française intra-européenne est pour la 1ère fois devenue négative. 
 
9,7 millions de tonnes. C’est la quantité de blé tendre exportée sur la dernière campagne vers les pays tiers. La France revient ainsi dans sa moyenne quinquennale, qui avait dramatiquement chuté suite à la campagne catastrophique de 2016/2017. Les exportations vers les pays européens (7 millions de tonnes) repassent à un niveau moins important que celles vers les pays tiers, après deux ans de volumes importants. Nous revenons ainsi à un schéma connu avant 2016. 
Ces bons résultats sont à nuancer. Plus de la moitié (5,1 millions de tonnes) des exportations vers les pays tiers ont en effet été réalisées vers un seul pays, l’Algérie. Il devient plus que nécessaire de diversifier nos marchés. Ce mouvement s’enclenche toutefois peu à peu sur des marchés qui avaient été perdus ces deux dernières années, tels que le Maroc (1,3 millions de tonnes), l’Egypte (500 000 tonnes) ou encore le Yemen (160 000 tonnes). Le blé français était moins présent au Moyen-Orient ces dernières années. La bonne qualité du grain a permis de remettre un pied sur ces marchés.  
Si les ventes augmentent également vers l’Afrique sub-saharienne (1,5 millions de tonnes), nous sommes encore loin d’un retour aux 2,5 millions de tonnes pré-2016. La présence du blé français dans nos anciens marchés (Sénégal, Cote d’Ivoire et Cameroun) diminue. L’Angola tire les exportations : ce pays qui importait auparavant de la farine française s’est doté d’outils de transformation, et importe maintenant le grain français.  
La campagne s’est également bien déroulée au niveau européen, avec des exportations toujours importantes vers nos principaux marchés, à savoir la Belgique (2 millions de tonnes) et les Pays-Bas (1,8 millions de tonnes). On observe cependant une petite baisse des exportations vers l’Espagne et l’Italie.  
La vente de céréales françaises augmenterait donc toujours la balance commerciale agricole intra européenne ? Pas si simple… La Belgique, premier importateur de céréales françaises en Europe, nous en renvoie une bonne partie après transformation. Ainsi, en valeur, nous importons plus de denrées alimentaires en provenance du plat pays (6,61 milliards d’euros) que nous n’en exportons (6,38 milliards). Cet exemple est représentatif de la tendance actuelle. Ainsi, en 2018, la France est devenue déficitaire de 300 millions d’euros au niveau intra-européen en ce qui concerne les produits alimentaires. Une chute choquante pour un pays comme le notre qui se targue de sa gastronomie et de la qualité de ses produits.Ce chiffre était positif de 6,3 milliards d’euros en 2011 ! La puissance agricole de la France est plus que jamais remise en cause. 
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