Blé dur Une filière organisée qui s’adapte aux contextes difficiles

Blé dur : Une filière organisée qui s’adapte aux contextes difficiles !

Comme l’a rappelé Eric Thirouin, Président de l’AGPB en concluant la journée filière du 2 février dernier, la surface et la production françaises de blé dur ont été divisées par deux en dix ans, et cette baisse affecte les quatre bassins de production en France.

Les producteurs sont aujourd’hui dans une situation économique difficile. Les activités de collecte, transformation et exportation risquent également d’être déstabilisées.

Retour sur certaines séquences de cette journée filière 2021 par Patrice Auguste

Une filière à l’écoute de ses consommateurs

Au cours d’une 1ère séquence de cette journée, Pascale Hébel, Directrice du pôle consommation et entreprises au Credoc est revenue sur la crise sanitaire et ses impacts. Elle a témoigné sur les changements au niveau des consommateurs qu’avaient engendré cette crise sanitaire en matière notamment d’attentes écologiques, avec une accélération de la demande en bio et un renforcement du « local ».

Pour Mme Hébel, pendant cette période et encore aujourd’hui, les consommateurs sont à la recherche de produits d’origine France, qui assurent une juste rémunération des producteurs, et respectent l’environnement et la biodiversité. Les Français se soucient également de leur santé, ce qui passe par le rejet des intrants relevant de la chimie de synthèse et une attention particulière sur la qualité des nutriments.

Selon elle, « la filière doit donc s’orienter sur des produits de luxe que sont les produits bio, ou « agroécologiques » pour servir plus de monde et miser sur la génétique pour améliorer les blés durs en nutriments et en vitamines ».

Au cours de cette séquence, Bernard Skalli, Président du CFSI (Comité français de la semoulerie industrielle) et Vice-Président du SIFPAF (Syndicat des industriels fabricants de pâtes alimentaires) est intervenu sur les bonnes pratiques de la filière pendant cette période très délicate pour les entreprises de transformation, en rappelant toutes les actions mises en œuvre au service du consommateur, pour assurer notamment un approvisionnement régulier dans les grandes surfaces.  

Bernard Skalli est revenu également sur les leçons de cette crise. La filière a montré sa force ; elle a su communiquer entre tous ses maillons. Pour lui, la filière a su traverser la crise sanitaire du fait de son unité, démontrant ainsi la capacité des acteurs à se mobiliser pour une meilleure adaptation face à de nouveaux enjeux.

Il a été relayé par Nicolas Prévost, responsable de la collecte et de la commercialisation chez ARTERRIS et Directeur commercial chez DURUM, qui a mis en valeur la non-rupture des flux pendant la période notamment de confinement, démontrant la grande réactivité de la filière et sa solidarité. Pour lui, tous les maillons, du producteur au consommateur ont fait face ensemble à la crise, prouvant la grande adaptabilité de cette filière face à des évènements majeurs.  

La France à la pointe de l’évolution des demandes

Dans une autre séquence,  Antoine Chiron, responsable filière pour le groupe Alpina Savoie a apporté le témoignage d’une entreprise qui travaille « l’origine » France depuis de nombreuses années.

Il remarque également une tendance forte de développement de nouvelles sociétés dans le secteur de la distribution alimentaire ayant la volonté de sélectionner des producteurs « locaux » qui acceptent de travailler en filière, de travailler l’origine France, dans une démarche de respect de la biodiversité, du respect de l’environnement et de la rémunération des producteurs.

Il témoigne de la volonté de son entreprise de s’adapter aux nouvelles demandes des consommateurs.

Il a ensuite précisé qu’Alpina Savoie était par ailleurs membre du Collectif Nouveaux Champs et disposait d’une gamme de produits labellisés Zéro résidu de pesticides (ZRP), la seule à ce jour dans le domaine des céréales. Elle a aussi initié une démarche HVE sur des gammes de pâtes destinées à la restauration commerciale.

Au niveau européen et mondial : où en sont les clients de la filière ?

Dans une autre séquence, plusieurs intervenants : Yannick Carel (service économique d’ARVALIS),  Nicolas Prevost (DURUM), Charles Neron Bancel (Panzani) et Yann Lebeau (France Export Céréales -FEC) ont présenté les éléments essentiels du marché du blé dur : principaux producteurs, importateurs et exportateurs.

Nicolas Prevost a ainsi présenté la campagne de commercialisation marquée par un fort déséquilibre de l’offre, avec une situation très déficitaire dans l’Union européenne et une situation dégradée au niveau de la qualité avec en face une situation très abondante pour le Canada, plus gros exportateur mondial de blé dur avec une qualité exceptionnelle. Par ailleurs les stocks mondiaux et en Europe sont bas et la période n’est selon lui ni à la reconstitution des stocks ni de l’offre mondiale pour les prochains mois.

Yann Lebeau a ensuite rapidement présenté la situation de la production et des besoins pour le Maghreb : Maroc, Algérie et Tunisie ainsi que pour l’Afrique noire. Il a conclu sa présentation en considérant que le blé dur français avait encore toute sa place vis-à-vis de ces débouchés, mais il appelle de ses vœux une « offre française organisée, structurée qui réponde aux besoins des consommateurs et des utilisateurs maghrébins notamment ».

 

En conclusion de leurs interventions, les représentants de DURUM et PANZANI ont montré la nécessaire adaptation de la filière blé dur à tous les débouchés, constatant que le consommateur français et européen devenait acteur de sa consommation, à la recherche de produits locaux et intéressé à la façon dont ils sont produits.

Mais le blé dur français et européen est également recherché à l’international (Maghreb notamment).

Le maintien de la production française de blé dur nécessite bien évidement de travailler ensemble au niveau de tous les maillons de la filière, pour créer de la valeur pour cette production dans un contexte économique dégradé.   

 

En rebondissement à ces présentations, Éric Thirouin, Président de l'AGPB a conclu cette journée filière blé dur, en annonçant le lancement d’une étude stratégique visant à améliorer la compétitivité de l’espèce, à l’initiative d’Intercéréales, de l’AGPB, du Comité français de la semoule industrielle (CFSI), du Syndicat des industriels fabricants de pâtes alimentaires de France (SIFPAF) et de FranceAgriMer. Ses conclusions sont attendues pour le mois de novembre prochain.

 

 

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