Campagne 2018-19 : Répit ou trompe l’œil ?

France Export Céréales organisait sa journée annuelle ce mercredi 20 mars à Paris sur le thème, « Campagne 2018-2019 : Répit ou trompe-l’œil ? ».

Philippe Heusele, le nouveau Président de France Export Céréales, après avoir remercié son prédécesseur, Jean Pierre Langlois-Berthelot pour le travail effectué, est revenu sur le thème de la journée. La particularité de celle-ci est d’aborder plus spécifiquement les attentes des clients acheteurs de blés français. 

Dans une 1ère séquence, Rémi Haquin, Président du Conseil spécialisé céréales FranceAgriMer et Margaux Verdier ont présenté une analyse des bilans céréaliers mondiaux en Blé tendre de même que la photo des flux sur 10 ans, tout à fait pertinente. Cette analyse montre la formidable augmentation de la production (qui a été multipliée par 3 sur la période) du fait de l’augmentation de la consommation mondiale (+100 Mt), entraînant une augmentation des échanges de l’ordre de 45 MT,  Les orateurs ont porté également une attention particulière sur plusieurs grandes régions de consommation : Maghreb, Afrique de l’Ouest, Proche et Moyen-Orient et l’Asie.

Ils ont ensuite apporté un éclairage sur l’Union européenne, où le marché bouge également en montrant l’intensification des échanges intracommunautaires. La France malheureusement ne tire pas partie de l’augmentation des importations de ses clients et elle est chahutée par ailleurs dans les pays tiers.

Leandro Pierbattisti dans une présentation très dynamique a analysé les raisons qui expliquent le retour « fulgurant » des blés d’origine argentine sur la scène internationale. A l’aide de visuels très explicites, il a montré les forces et les faiblesses du blé « argentin », puis le changement radical du contexte céréalier argentin, avec notamment une augmentation des surfaces, passant de 26 Mha en 2011/02 à près de 36 Mha en 2018/19. La suppression des restrictions commerciales quantitatives (quotas) et qualitatives (taxes export), ainsi que la libéralisation des taux de change vont avoir pour impact, une évolution spectaculaire des principales cultures en Argentine, dont la production augmente de 70 Mt en 2011/02 à 133Mt pour la campagne 2018/19. Mr Pierbattisti a ensuite montré le retour des exportations argentines de blé, sur le marché mondial, dont 56 % sont réalisées entre décembre et mars, venant ainsi concurrencer les blés d’origine française sur l’Algérie par exemple.

La deuxième partie de la matinée a été consacrée au sujet de la qualité attendue par le client, avec le service compétitif. Christelle Tailhardat, représentant le Synacomex (syndicat des exportateurs), animait cette table ronde) à laquelle ont participé : Yann Lebeau, Roland Guiragossian et Martial Guerre de France Export céréales, ainsi qu’Omar Yacoubi des Moulins Lahlal au Maroc et Greet Parmentier de Dossche Mills, industriel (alimentaire) Belge.

Après avoir présenté le poids des différentes marches pour les blés Français : Belgique et Pays bas pour l’Union européenne et l’Algérie, le Maroc, la Guinée le Cameroun et l’Arabie Saoudite pour l’Afrique, les intervenants ont mis en valeur les forces et les faiblesses des blés français sur ces différentes destinations. Parmi les priorités qui ressortent, on note pour ces pays acheteurs, la nécessité de s’assurer un approvisionnement régulier en volume, l’obtention du meilleur prix en fonction de leur cahier des charges et bien évidemment la qualité des blés achetés ; l’aspect logistique étant également à prendre en compte. Par exemple le fait que la France soit en capacité de livrer régulièrement, rapidement tous les ports Algériens, lui assure des atouts importants ; mais ceux-ci peuvent aujourd’hui être rapidement mis en cause par l’arrivée de nouveaux concurrents (comme la Russie par exemple qui pourraient pénétrer ce marché dans un avenir pas si lointain !).

L’originalité du sujet et des intervenants semble avoir suscité l’intérêt des nombreux participants à cette journée (plus de 300 cette année).

Dans sa conclusion, Philippe Heusele a insisté sur les qualités et les actions que développe France Export Céréales, outil collectif pour défendre la place de l’origine française, tant dans l’Union européenne qu’au niveau international.

Pour lui, il n’y a pas un marché à l’export, mais une somme de clients réguliers ou non, qui ont chacun des attentes particulières, dans un marché où toutes les origines sont en compétition.

Enfin, il a mis en valeur, le fait que les céréales françaises contribuent ainsi à la santé de notre économie et au rayonnement de notre pays à l’étranger.

 

Patrice Auguste 

pauguste@agpb.fr

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