GLYPHOSATE LES CEREALIERS RECLAMENT DES MESURES D’ACCOMPAGNEMENT

Éric Thirouin, le Président de l’AGPB a été auditionné le 2 mai 2019 par la mission d’information parlementaire sur la sortie du glyphosate à l’Assemblée Nationale.

Il a commencé par regretter que le glyphosate, contrairement aux avis des agences européenne et française d’évaluation, est devenu avant tout un sujet de société et éminemment politique. La démarche française va générer des problèmes majeurs de distorsions de concurrence qui pénaliseront les agriculteurs. Il a par ailleurs insisté sur la nécessité de s’en tenir aux seuls éléments scientifiques et maintenir une approche communautaire. D’ailleurs, l’AGPB sera très attentive aux résultats de l’évaluation qui vient d’être relancée au niveau européen par 4 agences européennes dont l’ANSES[1].

Après avoir rappelé les utilisations du glyphosate dans les grandes cultures et les avancées formulées dans le cadre du Contrat de solutions, qui à ce stade repose sur l’optimisation des conditions d’utilisation et un retour au travail du sol, Eric Thirouin a insisté sur les situations pour lesquelles aucune alternative équivalente n’est possible à court ou moyen terme :

  • La destruction des vivaces (chiendent, chardon, liseron, …), toxiques et allergisantes,
  • La gestion des adventices et des couverts d’interculture en système de culture sans labour.

Il a ensuite insisté sur l’importance du coût économique pour réduire sensiblement l'utilisation du glyphosate en grandes cultures, les surcoûts sont compris entre 50 et 160 €/ha pour remplacer l'utilisation de produits phytosanitaires par du labour, des déchaumages supplémentaires ou des broyages, en tenant compte des pertes de rendement sur les cultures de printemps suivantes.

Un surcoût global de plus de 950 M€/an - main d’œuvre ( + 12,7 Mheures/an )+ énergie (gasoil + 87 ML/an) + matériel + complément avec d’autres produits - pour la filière grandes cultures d’après Arvalis Institut du végétal.

  • Augmentation des charges de l’ordre de 70 €/ha ( soit 10€/t pour le blé),
  • Augmentation annuelle du nombre de passages de désherbage chimique ou mécanique,
  • Investissements supplémentaires de plus de 160 M€ (hors données météo),
  • Recours à des substances actives supplémentaires,
  • Chute de rendement estimé à 5%.

Il convient aussi d’intégrer les conséquences complémentaires comme la perte de compétitivité, le bilan carbone très négatif ( 226.000 T/CO2 / an soit l’équivalent de 62.000 voitures / an), le tassement du sol, l’érosion la baisse de fertilité et de séquestration de carbone (remise en question du 4 pour 1000).

Eric Thirouin a, de surcroit, demandé à ce que la situation économique du secteur où les revenus sont en berne depuis plus de cinq années soit réellement prise en compte. Dans ce contexte, ces évolutions nationales mettent la filière céréalière et oléo-protéagineuse en situation de distorsion de concurrence avérée. L’Etat doit mettre en place des mesures d’accompagnement. A ce stade, on ne peut que regretter que l’Etat demande des engagements et des mesures de suivi, mais il n’a engagé aucune réflexion ni discussion sur les mesures d’accompagnement relevant de sa compétence.

En conclusion, le Président de l’AGPB a formulé plusieurs demandes :

  • La mise en place d’une logique d’accompagnement de l’Etat : Dénoncer la cartographie glyphosate (startup du gouvernement) qui stigmatise, l’augmentation de la RPD
  • La prise en compte de la distorsion de concurrence avec cette interdiction unilatérale et la réalisation, en collaboration avec les acteurs économiques, de véritables études d’impact économique,
  • Un accompagnement financier (Aide à l’investissement/Crédit d’impôt pour les agriculteurs / Accompagnement de la recherche appliquée et des expérimentations…)
  • La mise en cohérence des réglementations sur les couverts végétaux, notamment les dates d’implantation et de destruction, les possibilités d’irrigation et de fertilisation.

Les discussions avec les députés, qui ont été plutôt constructives ont permis de préciser techniquement les demandes formulées.

 



[1]ANSES Agence nationale de sécurité sanitaire