Les céréales, porte étendard d’une balance commerciale agricole française en danger

Avec un excédent de 4,1 milliards d’euros, les céréales participent très fortement à la balance commerciale agricole française. Cette dernière est pourtant menacée, comme le précise le rapport de la Commission des Affaires Economiques du Sénat.

Après la catastrophique campagne de 2016/2017, la filière céréales française reprend quelques couleurs. Les exportations de blé tendre pour la campagne 2018/2019 s’élèvent à 17,2 millions de tonnes, un chiffre très proche de la campagne précédente. La différence vient de la part du blé exporté dans les pays tiers (9,5 Mt), qui augmente au détriment de celle exportée vers l’Union Européenne (7,5 Mt).

Cela ne doit pas masquer la tendance générale. La place de la France est chahutée dans les pays tiers. Face à l’importance de plus en plus grande prise par les pays de la Mer Noire sur le marché mondial, nos clients ont tendance à restreindre la diversité de leurs importations. Les exportations vers les pays tiers, hors Algérie, ont baissé d’environ 50% en 10 ans.  il faut plus que jamais assurer une bonne qualité de grain, des quantités suffisantes et une présence permanente dans les échanges. C’est le message qu’a une fois de plus réitéré France Export Céréales devant la session du conseil d’administration de l’AGPB ce 18 juin.

Malgré ces difficultés, le secteur céréalier fait aujourd’hui figure d’exception dans le paysage agricole français. Il est, après le secteur viticole, le deuxième plus gros contributeur à l’excèdent de la balance commerciale agricole française. L’excédent dégagé par les produits issus des céréales (blé et orge) est en effet de 4,1 milliards d’euros, selon le rapport de la commission des affaires économiques du Sénat ( https://www.senat.fr/notice-rapport/2018/r18-528-notice.html)

Ce même rapport pointe les faiblesses de l’agriculture française, qui perd peu à peu de sa puissance exportatrice. Le niveau des exportations s’est en effet maintenu depuis 2010, alors que la demande n’a cessé de croitre. Ainsi, la France a perdu 2 points de parts de marché (4,5% aujourd’hui), et occupe le 6ème rang mondial des pays exportateurs de produits agricoles et agroalimentaires. Elle est maintenant devancée par l’Allemagne et les Pays-Bas. Le déséquilibre est principalement intra-européen. Si depuis 2011, le solde avec les pays tiers est resté positif et constant (plus de 6 milliards d’euros), l’excédent commercial issu des échanges avec les pays européens a considérablement chuté, passant de 6,1 milliards à 300 millions d’euros en 2017. Il est même probable que la France soit aujourd’hui déficitaire sur ce plan.

La faute aux charges, selon le rapport. Celles-ci sont en effet respectivement 1,7 et 1,5 fois plus élevées qu’en Espagne et qu’en Allemagne. Les surtranspositions des politiques environnementales européennes sont  elles aussi pointées du doigt, tout comme l’augmentation des importations de mauvaise qualité. En effet, entre 10 % et 25 % des produits importés en France ne respecteraient pas les normes minimales imposées aux producteurs français, exerçant ainsi une concurrence déloyale. Voila pourquoi depuis des mois, ce sujet est au cœur du débat syndical de l’ensemble des filières (ethanol, biodiesel, fruits et légumes…)

Le rapport conclut, entre autres, et fort justement, sur la nécessité de maintenir une Politique Agricole Commune ambitieuse. La conquête de nouveaux marchés, notamment en Afrique et en Asie, et dans un contexte de hausse perpétuelle de la demande mondiale, est également capitale. Plus que jamais, il faudra produire plus et mieux.

 

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