SUPPRIMER LE GLYPHOSATE PAS SI SIMPLE SELON LES DEPUTES

Le rapport de la mission parlementaire chargée d’évaluer le plan de sortie du glyphosate a été publié le 13 novembre. Il insiste sur les problèmes posés par le calendrier de sortie du glyphosate prévu par le Gouvernement. Il chiffre également le coût exorbitant de son interdiction pour les agriculteurs français. Cela va dans le sens des revendications de l’AGPB de longue date.

La mission d'information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate, dirigée par Jean-Baptiste Moreau (LREM) et Jean-Luc Fugit (LREM), a pour objectif de suivre la transition du secteur agricole vers la fin des usages du glyphosate. Il n’a pas pour objectif de débattre de l’éventuelle dangerosité du produit. Les conclusions du rapport, paru le 13/11, montrent qu’une partie des députés français ont enfin pris conscience des réelles conséquences de l’interdiction du glyphosate.

UN PEU DE PRAGMATISME ENFIN !

Il ressort notamment du rapport trois éléments essentiels qui vont dans le sens de nos revendications.

La suppression du glyphosate aura un « coût substantiel » pour les agriculteurs : recours à davantage de main d’œuvre, nouveaux investissement matériels, consommation de 3 à 4 fois plus de carburant… Toujours plus de nouvelles charges qui alourdiront inutilement la situation économique des agriculteurs. L’AGPB, cité dans le rapport, « a évalué le surcoût des approches alternatives à 950 millions d’€ pour l’ensemble des céréaliers français. Si son calcul est appliqué à toutes les filières de grandes cultures, le surcoût total serait de 2 à 3 milliards d’euros. »

Le calendrier prévu par le Gouvernement sera difficile à tenir. Pour rappel il est prévu d’interdire la majeure partie des usages de glyphosate au 1er janvier 2021, pour un arrêt de tous les usages le 1er janvier 2023. Il a été jugé « inconscient d’attendre le 31 décembre 2020 » pour prévenir les agriculteurs des situations culturales sur lesquelles ils devront obligatoirement cesser d’utiliser le glyphosate dès le lendemain. Le rapport insiste donc sur la nécessité de revoir le calendrier : il demande à l’INRA et aux instituts techniques de préciser quelles sont les situations « qui ne pourront supporter un arrêt du glyphosate le 1er janvier 2021 sans menacer la survie de l'exploitation ni son environnement », et ce, pour le 30 juin 2020 au plus tard.

Certaines situations culturales ont d‘ores et déjà été identifiées comme des impasses : parcelles en pentes ou dans des zones intermédiaires, cultures destinées à des marchés spécifiques, comme la production de semences, cultures pour lesquelles la seule alternative est le désherbage manuel, inenvisageable pour des raisons de charges de main d’œuvre.

DES ARGUMENTS ETAYES FACE A LA DEMAGOGIE

Ce rapport remet donc du pragmatisme dans une polémique médiatique tout à fait démesurée. Après de nombreuses auditions et rencontres sur le terrain, les arguments, étayés et tangibles, ont semble-t-il été entendus et compris par les parlementaires. C’est sans doute la conséquence d’une mobilisation importante de la profession agricole et des céréaliers, et ce depuis plusieurs mois. L’audition d’Éric Thirouin par l’Assemblée Nationale en avril dernier aura joué un rôle prépondérant.

Des avancées donc, mais ne soyons pas dupes. Les recommandations finales de cette mission parlementaire est attendue au début 2020. En attendant, la mobilisation de l’AGPB ne faiblira pas et sa position ne s’infléchira pas. Une suppression pure et simple du glyphosate est inenvisageable sans solutions alternatives économiquement viables.

 

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