Le troisième "Global Food Forum", le forum annuel du think tank Farm Europe organisé les 17 et 18 septembre à Mezzana Bigli près de Pavie en Italie avait cette année pour thème “LES SYSTÈMES AGRO-ALIMENTAIRES PEUVENT-ILS REDEVENIR LE CŒUR BATTANT DE L’UE ?” Parmi les participants, on pouvait remarquer les ministres de l'agriculture italien et français, des représentants des ministères de l'agriculture irlandais, espagnol, italien, tchèque, portugais et américain, plusieurs eurodéputés et représentants de la Commission européenne, des personnalités comme Dacian Ciolos, ancien Commissaire à l'Agriculture (notre photo), ainsi que de nombreux représentants des syndicats agricoles européens dont l'AGPB.
Les débats ont bien sûr été dominés par les propositions législatives de la Commission européenne du 1er juin dernier pour la PAC 2021-2027, de nombreux participants exprimant leurs réserves sur le nouveau modèle proposé et soulignant les risques de distorsions de concurrence et de renationalisation de la PAC. Lors d'un atelier thématique consacré aux budgets de l’UE, Philippe Pinta, Président de l'AGPB, a déclaré que "le maintien du budget de la PAC est nécessaire et légitime" et que, pour une bonne efficacité de la dépense publique, le budget de la PAC doit être utilisé selon trois principes : "favoriser la résilience de l’agriculture comme activité économique, encourager sa performance environnementale, et éviter toute distorsion majeure, donc toute différence excessive de normes et de soutiens entre les hectares de la même production dans les différents pays".
En conclusion, Farm Europe a proposé 10 points clés pour réussir la future PAC. Parmi ceux-ci, on relève :
-la mise en place d'une part minimale des enveloppes nationales du premier pilier à consacrer aux aides de base aux agriculteurs, afin de préserver le fonctionnement concurrentiel des filières agricoles et du marché unique européen;
-les mesures eco-scheme à définir comme des mesures d’incitation à la transition écologique des agricultures européennes ayant à la fois un impact positif sur l’environnement et sur l’économie des secteurs (ex : numérisation de l’agriculture);
-un maintien de l’équilibre actuel du plafonnement et de la dégressivité des aides PAC, en laissant le choix aux Etats membres soit d’opter pour un plafonnement des aides directes, soit de consacrer au moins 5% de leur enveloppe d'aides directes au financement de paiements redistributifs;
-Consacrer au moins 30 % des moyens du second pilier à des mesures en faveur de l’environnement, aides aux régions défavorisées comprises;
-Consacrer au moins 30 % des moyens du second pilier à des mesures économiques de double performance (formation, conseil, investissements de double performance, outils de gestion des risques);
-Créer un fonds pluriannuel européen de gestion des crises en agriculture, doté de façon crédible d'un capital de 1,7 milliards €, réactif sans délai en cas de crises graves, en venant alors conforter et parachever une gestion des risques et des crises en prenant le relai des outils nationaux de gestion des risques (assurances, fonds mutuels...) et en finançant des mesures exceptionnelles de rééquilibrage des marchés.