Par Jérôme Josseaux
Dix ans après le dernier recensement agricole, le ministère de l'Agriculture a publié début décembre son édition 2021. Une grande enquête qui permet de mieux appréhender l’évolution structurelle du monde agricole et d’en dresser une photo actualisée. Le ministère de l’Agriculture a dévoilé le 10 décembre dernier les résultats du recensement agricole réalisé tout au long de l’année 2020. Cette dernière enquête révèle la poursuite des tendances à l’œuvre sur la première décade 2000-2010.
389.000 EXPLOITATIONS OCCUPANT 50% DU TERRITOIRE METROPOLITAIN FRANCAIS
Ce sont très exactement 389 000 exploitations qui ont été recensées, confirmant la poursuite de la baisse du nombre (-21%) de structures soit 100.000 de moins qu’il y 10 ans. Il convient d'ajouter à ce chiffre les 26.600 exploitations d'outremer. Cette baisse est plus prononcée pour les exploitations d’élevage que pour celles spécialisées en productions végétales. En 2020, 52% des exploitations sont donc spécialisées en production végétale (tout confondu) contre 45% en 2010. Plus précisément sur les grandes cultures, on dénombre 112.000 entreprises (3.000 de moins qu’en 2010) auxquelles s’ajoutent 41.000 polyculteurs éleveurs (18.000 de moins qu’en 2010).
La surface agricole utile française s’est stabilisée à 26,7 millions d’hectares, avec une légère baisse de 1%. Cela représente 50% de la surface de l’hexagone. Un bon atout pour la souveraineté alimentaire du pays et les enjeux auxquels il doit faire face, comme la régulation climatique avec le stockage de carbone dans les sols.
STOP AUX IDEES RECUES SUR L’AGRANDISSEMENT DES STRUCTURES
Par le jeu du nombre d’entreprises et la stabilisation des surfaces, la taille moyenne des exploitations continue de progresser. En 2020, pour l’ensemble de la ferme France, elles mesuraient en moyenne 69 hectares, soit +14 ha qu’en 2010. Un chiffre que le ministère compare aux 81 ha au Royaume-Uni, 332 ha au Canada ou 178 ha aux Etats-Unis ! Les élevages laitiers mesurent désormais 106 ha en moyenne, dépassant ainsi la taille moyenne des exploitations de grandes cultures évaluée à 87 ha de moyenne soit 10 de plus qu’en 2010. Plus précisément les producteurs de céréales et olé protéagineux ont vu leur surface moyenne progresser de 80 à 96 ha. Contrairement aux idées reçues, les exploitations agricoles considérées par le ministère de l’Agriculture comme grandes ont une surface moyenne de 136 ha et représentent 19% en nombre de l’ensemble. C’est donc loin du fantasme de certains détracteurs affirmant une extension folle des surfaces par ferme en France.
UN ENJEU MAJEUR POUR DEMAIN LE RENOUVELLEMENT DE LA POPULATION AGRICOLE
Le rapport mentionne que plus d'un chef d'exploitation sur quatre est une femme (27%), c'est un peu moins qu’en 2010, mais la tendance se maintient (voir projet Reward Erasmus + ).
Les enseignements sont particulièrement intéressants sur l’approche démographique. La population vieillit davantage encore avec 58% des personnes ayant plus de 50 ans contre 51% en 2010 et 25% de plus de 60 ans ! un chiffre qui prouve une fois de plus que le défi du renouvellement des agriculteurs est majeur. Seuls 20% des agriculteurs français ont moins de 40 ans à comparer malgré tout aux 12% chez les Anglais. Le niveau de formation est également en progression, à titre d’exemple le nombre de diplômés du supérieur a augmenté de 10 points en 10 ans pour s’établir à 27 % en 2020. Plus exactement 43% des moins de 40 ans ont un diplôme supérieur.
Ce recensement agricole 2020 vient confirmer les tendances à l’œuvre dans le monde agricole tout en tordant le cou aux idées reçues. L’attractivité du secteur est bien une priorité !