LA HAUTE VALEUR ENVIRONNEMENTALE (HVE) POUR LE SECTEUR DES GRANDES CULTURES : DES AVANCEES SIGNIFICATIVES MAIS DES OCCASIONS MANQUEES

La publication des textes sur la certification environnementale HVE est enfin parue au journal officiel. L’occasion pour l’AGPB de réaffirmer son engagement et sa mobilisation pour un référentiel cohérent et accessible aux producteurs de grandes cultures. Certes nous avons obtenu des avancées significatives, cependant la version proposée reste éloignée des attentes des producteurs et risque à terme de freiner le déploiement sur le terrain. La voie certification reconnaissant la voie HVE comme un accès spécifique à l’écorégime devait encourager les agriculteurs à faire reconnaitre leurs pratiques vertueuses mais le cahier des charges actuel est trop restrictif. Des premiers textes qui doivent être précisés par un guide de contrôle, une FAQ et des référentiels techniques. Analyses des principales évolutions dans un prochain article.

Dès 2019, l’AGPB s’est engagée lors de son Congrès à Compiègne à promouvoir la certification environnementale comme une démarche de progrès permettant de valoriser les pratiques vertueuses des producteurs de grandes cultures. La démarche HVE semblait correspondre aux attentes des céréaliers : un label d’Etat reconnu, coconstruit avec les ONG (FNE, WWF, LPO) et la profession agricole. Créée en 2012 après le Grenelle de l’environnement, cette certification devait évoluer pour répondre aux nouvelles exigences environnementales. En parallèle, les États généraux de l'alimentation ont souhaité faire de la certification environnementale un outil pour accompagner et valoriser les exploitations dans la transition agroécologique.

L’ambition était claire et les attentes des producteurs étaient nombreuses. Les trois étapes de la HVE sont complémentaires et le niveau le plus exigeant doit être le garant d’un consentement à payer supérieur de la part du consommateur.

L’AGPB avec la FNSEA a alors proposé des évolutions concrètes pour répondre aux manques constatés par certaines filières dans le cahier des charges sans en changer le haut niveau d’exigence. En effet, depuis 2012, seule la filière viticole s’était emparée du référentiel. Avec l’appui des instituts techniques et des expériences terrains, il a été identifié les freins et les leviers permettant le développement de la HVE dans les exploitations de grandes cultures. Plusieurs points ont été soulevés comme le « malus » dans le calcul de l’IFT hors herbicides pour la culture de maïs sous prétexte qu’il s’agit d’une culture peu consommatrice de produits phytosanitaires. De même, il a été démontré qu’en fonction des filières il y a de grandes différences dans le nombre total de points accessibles.

Malgré de nombreuses relances, il a fallu attendre début fin 2020/début 2021 pour engager les premières réflexions sur la rénovation du référentiel. L’AGPB avec la FNSEA s’est mobilisée pour faire valoir ses propositions en défendant comme principe directeur : l’équité entre les filières et l’exigence environnementale. Chaque exploitation, quel que soit son modèle ou son secteur de production, doit avoir accès à la même reconnaissance de ses pratiques vertueuses et disposer d’indicateurs adaptés pour en rendre compte au sein du référentiel. Par exemple :  

  • Permette à chaque exploitation d’avoir accès au même potentiel de points et reconnaitre toutes les productions notamment en ouvrant la catégorie « diversité spécifique et variétale » au secteur des grandes cultures. En effet, l’arboriculture et la viticulture bénéficient d’un item spécifique pour valoriser les variétés peu sensibles aux maladies. Pour les grandes cultures, l’offre variétale donne la possibilité de cultiver des variétés adaptées à chaque contexte pédoclimatique et résistantes aux maladies, ravageurs et verses. Cette proposition se fonde sur le système de classement des variétés mis en place par les pouvoirs publics et géré par le comité technique permanent de la sélection (CTPS).

 

  • Prendre en compte l’effet pluriannuel de la performance environnementale de l’exploitation ;

A marche forcée les membres de la Commission Nationale de la Certification environnementale ont travaillé en quelques mois jusqu’à l’été 2022 pour aboutir à un cahier des charges décevants. L’équité n’a pas été résolue et peu d’avancées pour les grandes cultures ont été adoptées. A noter cependant la fin du malus pour les cultures à faible IFT dont le maïs dans le calcul de l’IFT hors herbicides mais contrebalancer par un renforcement dans la méthode de calcul de l’IFT régionale qui rendrait encore plus difficile l’accès à des points dans l’item protection des plantes du référentiel. Il s’agit d’une occasion ratée par les pouvoirs publics de valoriser un référentiel robuste et promu par l’ensemble des filières.

L’AGPB avec la FNSEA restent mobilisés et réaffirment leur volonté à travailler pour améliorer les items comme la valorisation en grandes cultures de Variété peu sensible aux maladies, ou bien encore la révision de la BGA pour la partie azote.