Cette semaine, l’ANSES a annoncé la suppression de l’AMM – Autorisation de Mise sur le Marché - de 36 molécules à base de glyphosate sur les 69 utilisées en France. Représentant ¾ des volumes utilisés aujourd’hui, l’utilisation de ces herbicides sera supprimée d’ici à la fin 2020. L’AGPB prend note de la décision de cette autorité qui ne facilite pas la transition agroécologique des producteurs dans le respect des équilibres économiques.
UNE DECISION ANNONCEE PAR L’ANSES
L’ANSES a annoncé lundi, le retrait du marché de 36 molécules à base de glyphosate, d’ici la fin de l’année 2020. Il s’agit d’une procédure qui fait suite à la ré-approbation pour 5 ans de la substance active par l’Union Européenne en 2017. Les firmes phytopharmaceutiques devaient, de fait, déposer des demandes d’AMM pour le renouvellement de leur spécialité commerciale. Depuis les dernières homologations, de nouvelles données et méthodes sont apparues, pour lesquelles les fabricants devaient apporter des éléments complémentaires, notamment sur des données scientifiques permettant d’écarter tout risque génotoxique (altération ou modification par un élément extérieur du génome humain).
En l’absence de données complètes, l’agence a retiré les autorisations sans jamais conclure à un risque pour la santé humaine ou l’environnement. Les producteurs et distributeurs ont ainsi un délai d’un an pour stopper l’usage de ces 39 molécules incriminées.
Concernant les produits dont l’AMM a été retirée, les firmes phytopharmaceutiques ont la possibilité de déposer des compléments de dossier à l’ANSES, mais il faut noter que les produits à base de glyphosate, restant disponibles sur le marché, permettent de couvrir tous les usages. Aujourd’hui pourtant, ces produits phytosanitaires sont des solutions pertinentes et compétitives. C’est pourquoi, au regard de la situation économique difficile des producteurs, l’AGPB milite pour la recherche de solutions alternatives économiquement viables. Plus que jamais, la transition agroécologique doit être progressive et accompagnée.
LE MONDE BOUGE…ET NOUS DEPASSE PARFOIS
Conscients de la nécessité de cette transition, les céréaliers se sont emparés de ces sujets afin de trouver des solutions pour éviter les interdictions, leur engagement dans le Contrat de Solutions aux côtés de 40 partenaires agricoles, en témoigne. Le monde bouge ! Les acteurs s’engagent !
Mais le monde évolue, le climat est lui aussi en évolution permanente, avec des répercutions souvent très impactantes sur l’activité agricole. Avec l’automne très pluvieux que nous avons vécu, les arrachages de betteraves ont été difficiles, certains ensilages de maïs reportés, et des semis des cultures d’hiver parfois irréalisables. Les difficultés liées à l’excès de précipitations cet automne sont tangibles et rendent l’activité agricole incertaine. Agreste a d’ailleurs indiqué revoir à la baisse ses estimations de surfaces semées pour la récolte 2020. Au 10 décembre 2019, la sole en céréales d’hiver atteignait 6,55 millions d’hectares, soit 5 % de moins que la campagne précédente. La sole de colza atteindrait même son plus bas depuis 2002, avec 1,05 million d’hectares. La sole française serait donc en baisse pour des raisons climatiques qui pour le coup nous dépassent…
Dans ce contexte, nous aurons plus que jamais besoin de solutions techniques et agronomiques performantes. Alors gardons les pieds sur terre.