Dimanche dernier, les français ont fait leur choix : le choix d’une France résolument tournée vers l’Europe. Néanmoins, pendant la campagne, on peut regretter que l’agriculture, au cœur des enjeux de l’Union européenne, n’ait pas occupé une place centrale dans les débats et les projets des candidats.
Alors, quelle est la sensibilité agricole du nouveau Président de la République ? Quelles sont les premières orientations ou signaux politiques du prochain gouvernement en matière de production, alimentation, économie, exportation, environnement, politique rurale ?
D’après les prises de parole d’Emmanuel Macron et de ses porte-paroles, leur ambition est de défendre une « agriculture française conquérante » qui devra « répondre aux défis alimentaires, économiques et environnementaux » tout en respectant la diversité des modèles agricoles . Ce projet s’appuiera aussi sur la recherche et l’innovation pour assurer la durabilité de l’agriculture.
Parmi les propositions ci-dessous, les céréaliers français seront attentifs et vigilants concernant:
- La préservation d’une politique agricole commune forte avec un budget préservé. Emmanuel Macron et son Ministre de l’Agriculture auront pour mission de conduire les prochaines négociations sur PAC, d’ici à 2022.
- La convergence sociale, fiscale et environnementale. La surtransposition des normes européennes par la France sera l’un sujets majeurs. pour éviter les distorsions de concurrence entre les producteurs des 27 Etats membres
- La création d’une palette d’outils de régulation pour faire face aux aléas économiques et climatiques. Le dispositif d’épargne de précaution est annoncé comme une mesure importante lors du quinquennat. Parmi les propositions du Président de la République figurent également des dispositifs dits contracycliques et fonds mutuels qu’il conviendra de surveiller particulièrement.
- La substitution progressive des produits de santé végétale par des solutions alternatives grâce à l’innovation. Une incertitude persiste pour les produits dits perturbateurs endocriniens pour lesquels la suppression fait partie intégrante du programme présidentiel.
- Un plan Marshall d’investissement en agriculture de 5 milliards d’euros pour augmenter la compétitivité des exploitations agricoles françaises et les infrastructures logistiques nécessaires au transport notamment.
- L’organisation des Etats généraux ou Grenelle de l’alimentation intégrant les représentants des producteurs, des filières de production, transformation et distribution, et bien-sûr des consommateurs. Prévus assez rapidement entre l’été et l’automne 2017, il faudra être particulièrement présent pour défendre nos convictions dans ces négociations grenelliennes dont les précédentes ont eu un réel impact sur la production.
- La création d’un droit à l’erreur dans le cadre des contrôles administratifs, signe de confiance envers les chefs d’entreprise agricole.
Les prochains jours et la nomination du gouvernement « de transition » jusqu’au législatives du 11 et 18 juin prochain seront décisifs pour donner le la de la politique agricole des prochaines années. La personnalité des successeurs de Stéphane Le Foll et Ségolène Royal, aux Ministères de l’Agriculture et de l’Environnement déterminera sans doute la dynamique dans laquelle le nouveau locataire de l’Elysée souhaite engager le monde agricole. Audrey Bourolleau, Référente nationale d’En Marche à l’Agriculture, revient dans la vidéo ci-dessous sur les premières mesures que le prochain ministre de l’agriculture aura à mettre en œuvre.