UNE MOISSON 2020 QUI APPELLE DES MESURES D’URGENCE

La moisson 2020 est catastrophique pour le blé tendre et les autres céréales à paille :  avec des rendements allant du simple au sextuple et une production en blé tendre en deçà des 30 MT contre 40 MT en 2019.  La situation des exploitations de grandes cultures est donc très difficile d’autant que les résultats exprimés en moyenne ne font pas ressortir l’extrême hétérogénéité des rendements.

Venant après 8 années extrêmement difficiles qui ont déjà fortement pesé sur les revenus, ce contexte va accroitre les difficultés rencontrées par la plupart des exploitations et mettre en péril un nombre significatif d’entre elles. On peut d’ores et déjà estimer que plus de 50% des céréaliers ne dégageront pas de revenu en 2020.

A cela s’ajoute, la suppression des moyens de production qui met les céréaliers dans des impasses techniques et amenuise le potentiel de production et la qualité sanitaire. Il n’est pas possible de poursuivre les orientations actuelles basées sur la suppression des solutions sans solutions alternatives,

Ainsi pour retrouver un fonctionnement pragmatique sur les produits phytosanitaires, il est impératif de donner de la lisibilité aux producteurs en prenant en compte la réalité des besoins de protection des cultures et les contraintes techniques et économiques.

L’urgence maintenant pour l’ensemble des exploitations est de disposer d’un plan de mesures exceptionnelles afin que les céréaliers puissent résister à cette nouvelle épreuve économique et humaine, seulement quatre années après celle de 2016, et disposer d’une trésorerie permettant de lancer la prochaine campagne.

La situation justifie en effet la mise en place rapide d’un plan d’urgence avec des mesures fortes pour éviter des réactions en chaîne, prioritairement dans les exploitations. La filière est elle aussi fragilisée, notamment les organismes stockeurs, également durement affectés par de telles baisses d’activité.

C’est pourquoi l’AGPB est intervenue au cours de l’été 2020 auprès du Ministre de l’agriculture pour demander la mise en place de mesures d’accompagnement relevant de dispositifs national et européen, indispensables pour soutenir les céréaliers :

  •  La mise en place des cellules de crise dans l’ensemble des départements impactés avec notamment le déblocage du fonds d’allègement des charges. Il convient de prévoir des montants substantiels pour éviter de laisser de côté des exploitations ou de limiter les montants concernés. D’autant que la succession de mauvaises années a complétement érodé les trésoreries disponibles dans les exploitations,
  • Le dégrèvement automatique de la Taxe sur le Foncier Non Bâti (TFNB) dans les zones sinistrées.
  • Une mesure d’allègement de charges sociales avec la prise en charge financière des cotisations MSA, nécessaire pour les cas extrêmes.
  • Une avance des aides de la PAC : face aux difficultés importantes de trésoreries à venir, le versement d’une Avance de Trésorerie Remboursable (ATR) sur les aides végétales à hauteur de 80% du montant des aides de 2019 au plus tard le 15 octobre 2020 apparait indispensable.

De plus, il faudra aussi mobiliser les banques voire, comme cela a été fait pendant le COVID, envisager au niveau de l’Etat la mise en place de moyens pour limiter les risques (disposition de garantie des prêts par BPI) afin d’éviter la frilosité de ces dernières pour accompagner les situations difficiles, voire l’augmentation des taux…

Pour Eric Thirouin, Président de l’AGPB « il est impératif dans la situation actuelle de redonner de la lisibilité aux céréaliers et de porter enfin une ambition pour ce secteur qui représente 70 MT de production par plus de 240 000 exploitations, 400 000 emplois et qui est le troisième ou quatrième poste de la balance commerciale française ».