Soutiens de la PAC en Europe : la France a sacrifié son secteur grandes cultures

Une étude réalisée par le Think Tank Pluriagri portant sur les choix en matière de soutiens de la PAC a été présentée en commission économie de l’AGPB. Cette étude à partir du réseau comptable européen (RICA) a clairement révélé que la France avait fait des arbitrages très nettement en défaveur du secteur végétal contrairement aux autres états membres de l’Union.

La conséquence de choix politiques depuis plusieurs années  

En 2010, le bilan de santé en France s’est traduit par une baisse très significative des aides du 1er pilier aux exploitations de grandes cultures, notamment SCOP, au profit des élevages d’herbivores, en particulier les systèmes laitiers à l’herbe et les systèmes allaitants. La déclinaison française de la réforme 2014-2020 poursuit la dégradation du soutien aux exploitations de grandes cultures. Un repère : le soutien aux exploitations SCOP se situait en 2004 à 12 % au dessus de la moyenne nationale. Il était tombé en 2017 à 23 % en dessous de la moyenne. Depuis 2010, un producteur SCOP allemand perçoit plus de soutien PAC (1er et 2ème pilier) que ses homologues français (en moyenne 50 €/ha, voire plus de 80 €/ha par rapport aux céréaliers des zones intermédiaires), et depuis 2016, il n’y a plus d’écart de soutien entre un SCOPeur français et ses homologues polonais ou hongrois. De même, un betteravier français percevait en 2017 80 €/ha de moins qu’un betteravier néerlandais, 100 €/ha de moins qu’un betteravier allemand, et 380 €/ha de moins qu'un betteravier polonais.

En termes de choix du 2ème pilier, les grandes cultures françaises sont quasiment absentes de la distribution, contrairement aux autres états membres qui ont distribué des aides directes (MAEC) et des aides à l’investissement plus clairement fléchées vers la compétitivité et la modernisation de son agriculture. La France a préféré miser une grande partie sur les ICHN, les MAEC herbagères et les aides aux bâtiments d’élevage. En termes de soutiens de la PAC, l’élevage bovin français (412€/ha en 2017) est ainsi soutenu nettement au-dessus de la moyenne des soutiens européens tous secteurs confondus (343 €/ha), et le secteur laitier français légèrement au dessus de la moyenne européenne (363€/ha).

Sujet d’inquiétude pour les céréaliers français, l’étude de Pluriagri montre que les tailles d’exploitations en France restent très moyennes (98 % des surfaces cultivées le sont par des fermes de moins de 500 000 € de chiffre d’affaires), quand 43 % des surfaces des céréaliers allemands sont dans des entreprises de plus de 500 000 € de CA, plus de 50 % en Bulgarie, 30 % en Roumanie… les aides de la PAC servent à rémunérer le travail non salarié en France, quand le travail des grandes exploitations plus à l’est est déjà rémunéré, car composé essentiellement de main d’œuvre salariée. Les aides de la PAC pour ces exploitations de l’est qui dégagent du résultat même sans aide servent donc à investir, alors que les exploitations françaises ne parviennent pas à dégager un autofinancement sans aides de la PAC.

Il est grand temps que nos décideurs politiques prennent conscience de leurs choix, qui n’ont cessé de dégrader la position concurrentielle de notre secteur grandes cultures. L’étude de Pluriagri est très éclairante à ce sujet.

 

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