La Moisson 2017 bat son plein dans de nombreuses régions de France. Régulièrement entrecoupée ces derniers jours par les orages intenses, les pluies d’un ciel de traine, les premiers échos sont plutôt encourageants, mais force est de constater que tous les producteurs ne sont malheureusement pas logés à la même enseigne.
Des prévisions nationales 2017 avoisinant les moyennes quinquennales
Après une année 2016 historiquement catastrophique, les rendements céréales 2017 sont de retour avec des niveaux qui resteraient juste dans la moyenne quinquennale 2012- 2016. De quoi soulager certaines exploitations céréalières, mais les niveaux de prix, bien que plus elevés que l'an passé ont encore du mal à bouger.
En blé tendre, Agreste évalue le rendement moyen à 70,4q/ha (moyenne 2012- 2016 à 70,9 q/ha). La production atteindrait 36,2 Mt contre 27,6 en 2016 ! soit +31%. Les bons potentiels du début de l’année ont été largement affectés par les épisodes de gel, de sécheresse et la vague de chaleur de juin.
La récolte d’orges atteindrait 12,2 Mt (+ 17 % sur un an et + 7 % par rapport à la moyenne 2012-2016) retrouvant des niveaux et des qualités intéressantes pour les marchés. les rendements sont estimés à 65,1q/ha en Orges d’hiver et 57,3 en en printemps.
La production de blé dur augmenterait de 20 % sur un an à 2 Mt malgré la baisse des surfaces et de 11 % par rapport à la moyenne 2012-2016. De grosses disparités sont observées entres les régions du sud où la qualité et le rendement sont au rendez-vous et les régions centre où la qualité serait dépréciée. Le rendement moyen atteindrait 53,6 q/ha.
Par ailleurs, la moisson 2017 accuse une dizaine de jours d’avance par rapport au calendrier normal du fait principalement de l’épisode caniculaire vécu début juin. Toutes les remontées que la profession peut avoir montrent également la très forte hétérogénéité entre régions et entre territoires.
Le tour de France des moissons
Sur la façade maritime, Poitou-Charentes et Pays de la Loire, la moisson s’achève avec des résultats quantitatifs Blé tendre, Blé dur, et Orges d’hiver dans la moyenne et des qualités potentiellement dégradées notamment en blé dur. Les poids spécifiques, partant d’un bon niveau, ont baissé malgré les dégradations au fur et à mesure des semaines.
Pour les régions du nord seine, la moisson est encore peu avancée. Les orges d’hiver récoltées sont correctes en quantité et qualité. Les premières coupes de blé tendres sont moyennes à bonnes avec de bonnes voire très bonnes qualités. Les opérateurs et producteurs scrutent la météo des jours à venir.
En Bourgogne et Franche Comté, la moisson n’en est qu’à 30-40% . Les orges d’hiver et de printemps sont correctes avec des rendements moyens, mais un bon calibrage. En blé tendre l’hétérogénéité est de mise avec des rendements de 30 à 100 q/ha, et de bonnes qualités.
La région Grand Est, est moins avancée même si les escourgeons sont terminés avec des rendements dans la moyenne quinquennale. La région (et plus particulièrement la Lorraine) est probablement celle pour qui les résultats de la moisson auront été le plus impactés par les épisodes climatiques, avec des disparités très importantes selon la situation des parcelles. Les 30% de blé tendre récoltés bien qu’hétérogènes sont bons.
Une communication qui doit raison garder
Les agriculteurs très présents sur les réseaux sociaux en ce moment, présentent tour à tour leurs propres résultats, enthousiastes ou non. Saluons cette dynamique qui vise à faire partager ces moments de plaisir (dans la plupart des cas) mais l’AGPB appelle malgré tout à la plus grande prudence en la matière. Ayons toujours à l’esprit que les observateurs étrangers ne manquent pas de scruter l’état des stocks qu’ils achèteront durant la campagne.
Retrouver le chemin de la productivité agricole en France
Reste à savoir, quel sera le niveau et la qualité de la moisson des autres pays européens, et de nos challengers à l’exportation. Les rapports de l’OCDE et de la FAO sur les perspectives de marché à horizon 2030 pointaient lundi l’accentuation de la présence de la Russie dans les échanges mondiaux. La Russie pourrait devenir le 2ème exportateur mondial de blé pour participer à hauteur de 15% des échanges mondiaux. Au passage rappelons que la France etait jusqu'à présent au 3ème rang (hormis 2016) avec 12% des échanges…
Il est temps pour la production française de retrouver le chemin de la production pour le bien de la performance économique de la France.
Source : Agreste conjoncture juillet 2017, Intercéréales, Rapport OCDE FAO.