LA FRANCE CHAMPIONNE DU MONDE DE L’EXPORTATION DE SEMENCES

A l’issue de son assemblée générale le 9 novembre 2018, l’Union française des semences (UFS) organisait un colloque sur « la France, championne du monde des semences ».

Au cours d’une première table ronde, Jean-Louis Chauzy, président du Comité économique, social et environnemental d’Occitanie a longuement décrit la situation de blocage dans sa région de tous les projets de nouvelles retenues d’eau pourtant de plus en plus nécessaires. François-Xavier Masson, chargé d’affaires chez Unigrains, a ensuite souligné que si la France était championne du monde de l’exportation des semences, cette situation peut être remise en cause par un niveau insuffisant d’investissements en R&D. Comme leurs concurrents espagnols, les obtenteurs français doivent notamment investir plus dans les biostimulants. Le marché français des semences est stagnant et c’est à l’international que sont les relais de croissance. En ce sens, l’interdiction dans la loi EGA d’exporter des produits non autorisés dans l’agriculture française (article 83) est un mauvais signal. Et la rémunération de la R&D en France grâce aux semences certifiées reste essentielle.

Pour Basile du Bary, Directeur général Europe du semencier japonais Sakata Vegetables, le principal risque auquel est confronté l’industrie semencière est règlementaire, à trois niveaux : stabilité des règles, protection de la propriété intellectuelle et bien sûr exigences de plus en plus strictes. Si les restrictions sur les traitements de semences correspondent à une évolution mondiale, il en est tout autrement sur la mutagenèse dirigée pour laquelle le jugement récent de la Cour de justice de l’UE (CJUE) constitue un signal restrictif spécifique à l’Europe et que les Japonais ne comprennent pas et interprètent comme un refus du progrès. Même si les marchés des semences potagères sont des niches où la sélection classique est a priori la mieux placée, la mutagenèse dirigée, à la différence des OGM, est un outil accessible aux PME. De plus, étant donné qu’on ne peut pas tracer par analyse si une technique de ce type a été utilisée pour l’obtention d’une semence, comment à l’avenir pourrions-nous importer du matériel génétique par exemple des Etats-Unis ?

Denis David, Directeur général de Jouffray-Drillaud, a ensuite mis en avant trois marchés semenciers d’avenir qui sont aussi des axes de développement de son entreprise :  les légumineuses et mélanges fourragers, le lupin protéagineux et les couverts végétaux.

En conclusion, Alain Tridon, sous-directeur de la qualité, de la santé et de la protection des végétaux à la DGAL du ministère de l’agriculture, a d’abord conseillé aux expérimentateurs de semences d’alerter les préfets en cas de suspicions de futures destructions d’essais. Il a ensuite fait remarquer que l’article 83 déjà cité était une initiative parlementaire et non du gouvernement. Il a ensuite reconnu que, dans de nombreux cas, les retraits d’homologation en France des substances les plus préoccupantes se font sur la base des demandes du détenteur qui ne se préoccupent pas toujours de maintenir les usages en traitement de semence même s’ils ne posent pas de problèmes. Il a ensuite souligné l’importance des variétés de blé tolérantes dans le dispositif des Certificats d’Economie de Produits Phytosanitaires en faisant appel aux obtenteurs pour qu’ils élargissent la liste à d’autres espèces.

A propos du Brexit, il a rappelé que le rapatriement des inscriptions de semences françaises au catalogue britannique auquel il s’était engagé titre de précaution est en bonne voie. Enfin, sur le sujet majeur des nouvelles techniques de sélection (NBT), A. Tridon a d’abord révélé que la France a fait savoir à la Commission que l’arrêt de la CJUE posait des problèmes de fond mais aussi d’interprétation. Une solution pour en sortir serait de faire évoluer la directive de base, mais dans quel état sortirait-elle des débats parlementaires ?

La France championne du monde mais des périls à l’horizon !